SUR LA LIGNE DE CHEMIN DE FER DE SOMAIN A ROUBAIX-TOURCOING
Bernard MOREAU (1930-2010)
Trésorier de la Société d’Emulation de Roubaix
SUR LA LIGNE DE CHEMIN DE FER DE SOMAIN A ROUBAIX-TOURCOING
Bernard MOREAU (1930-2010)
Trésorier de la Société d’Emulation de Roubaix
Les origines de Pierre CATTEAU
Pierre, Antoine, Louis Catteau est né le 16 mai 1820 à Comines. Il est le fils de Pierre Catteau et d’Henriette Lawick. Il est issu d’une famille de fabricants de rubans. Son aïeul, Charles Catteau avait créé son entreprise de ruban en fil de lin au milieu du 18e siècle.
En 1788, il y employait 44 ouvriers. Pierre Catteau termina à Boulogne-sur-Mer des études qu’il avait commencées au Collège des Jésuites de Brugelette. Il arriva en 1844 à Roubaix et créa son entreprise rue de la Fosse-aux-Chênes. Il s’orienta vers des tissus chaîne-soie qui remportèrent un vif succès. Doué d’un goût très sûr, ses produits étaient de véritables merveilles de dessins et de coloris. Cela expliqua le constant essor de sa fabrique.
En 1869, le registre des patentes nous apprend qu’il est taxé au maximum pour son tissage du 30, de la rue de la Fosse-aux-Chênes. Il y était associé à ses frères : Charles et Louis qui résidaient à Comines et Adolphe qui demeurait à Roubaix. Pierre Catteau, quant à lui, habitait au 41, rue du Grand Chemin.
En 1885, pour cause d’extension, son tissage se situait au 121, rue du Grand Chemin, une filature de 8.800 broches lui était adjointe. Cette filature lui appartenait en propre. En ce qui concerne le tissage, il restait associé à ses frères. En plus, il était associé à Edouard BODIN, demeurant au 30, rue Nain, au sein d’un tissage de plus de 200 métiers situé au 52, rue Saint Maurice. Quant à son frère Adolphe, toujours en 1885, il était à la tête d’une retorderie de 3.550 broches et d’un tissage boulevard d’Armentières ainsi que d’un second tissage comprenant 73 métiers à bras pour tissus d’ameublement au 15, rue de la Chapelle Carrette.
Plusieurs distinctions…
Les mérites de Pierre Catteau lui valurent de recevoir de nombreuses distinctions. En 1862, il reçut une mention honorable à l’exposition de Londres. En 1867, à Paris, il obtint une médaille d’argent. En 1873, le jury de l’Exposition universelle de Vienne lui décerna une médaille de progrès, sa plus haute distinction. L’année suivante, un décret du 27 juillet le nommait Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur pour « services rendus à l’industrie ». Enfin, en 1878, il obtint à Paris la médaille d’or.
L’Hôtel particulier de Pierre CATTEAU
Pierre Catteau se fit construire au 45, rue du Grand Chemin son Hôtel particulier. Nous savons qu’il habitait dans cette rue depuis au moins 1869. Les archives municipales possèdent le plan, daté du 15 avril 1876, d’un terrain d’une surface d’un hectare vingt neuf ares qui s’étendait entre la rue des Fleurs et la rue du Grand Chemin. C’est sur ce terrain acheté peut-être à ce moment là qu’il décida de faire construire son hôtel particulier agrémenté d’un grand parc.
Le même architecte que pour le parc de Barbieux…
Pour l’habitation, il s’adressa au grand architecte roubaisien Edouard Dupire-Rozan (1844-1901). Ce dernier lui proposa plusieurs projets : c’est le projet d’un hôtel bâti entre cour et jardin avec deux ailes en retour sur la cour qui fut choisi. Pour le parc, l’architecte Georges Aumont fut consulté, les archives possèdent une étude signée de lui, datant du 19 mai 1878. Le parc tel qu’il est réalisé est la réplique de ce projet, il est donc très probable que Georges Aumont en soit l’auteur. Cela expliquerait la ressemblance avec le Parc Barbieux tracé à la même époque par ce même architecte. Il semble que le parc ait été terminé en 1880 car, le 19 août eut lieu une grande fête dans les jardins, fête relatée par la presse.
En ce qui concerne la maison, en 1880, elle n’est pas entièrement achevée puisqu’en avril 1883, le dallage sur le jardin est en projet et qu’en septembre 1884, les épis de faîtage de la toiture sont encore à l’étude. L’architecte Edouard Dupire construisit pour Pierre Catteau un Hôtel particulier très inspiré de la Renaissance. L’Hôtel ne possède qu’un étage et est surmonté de hautes toitures d’ardoises. Les matériaux utilisés sont la brique et la pierre. La façade sur cour est très ornée. Elle se compose d’un avant-corps central, entouré de façades latérales légèrement en retrait. On accède au portail d’entrée par un perron. Cette porte d’entrée est surmontée d’un fronton interrompu orné d’un angelot. De chaque côté nous trouvons un oculus.
De part et d’autre de cet avant-corps central tout en pierre, la façade est percée de quatre hautes fenêtres séparées par des pilastres ioniques à bossage. Au premier étage, la baie centrale est entourée de deux niches qui devaient abriter des statues n’existant plus actuellement. De part et d’autre, l’étage ne possède qu’une seule baie pourvue d’une balustre. Au-dessus on trouve un fronton triangulaire interrompu par une lucarne ornée d’un fronton curviligne.
Ce bâtiment se prolonge vers la cour par deux ailes à deux étages où l’on retrouve l’usage des pilastres à bossage. Si l’Hôtel en fond de cour était réservé à l’habitation de Pierre Catteau, les deux ailes servaient, au rez-de-chaussée, de remise et d’écurie et les étages abritaient le personnel. Deux porches ornés d’une tête de cheval assurent la jonction avec le bâtiment en front à rue.
Un parc comme un havre de paix
L’histoire du bâtiment sur rue est complexe. Il est possible qu’il soit antérieur à la construction de l’Hôtel particulier et qu’il n’a été que modifié, rhabillé par Edouard Dupire. Ce bâtiment abritait très probablement les bureaux et les magasins de l’entreprise de Pierre Catteau. La façade sur rue est crépie. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont rectangulaires, celles du premier étage sont en plein cintre, celles du second étage possèdent un arc surbaissé orné d’un claveau saillant. Neuf lucarnes surmontées d’un fronton triangulaire et deux oculi s’inscrivent dans la pente du toit. Un grand porche monumental permet d’entrer dans la cour.
Intéressons-nous maintenant à la façade sur jardin qui est également très ornée. La façade reprend la structure d’un avant-corps central entouré de deux façades latérales. L’avant-corps central est surmonté d’un toit pentu orné d’une lucarne à balustre dont les montants sont décorés d’atlantes. Au rez-de-chaussée, les portes-fenêtres s’ouvrent sur une grande terrasse. Il est d’ailleurs à noter que le Trichon sous sa voûte longe cette terrasse.
Au premier étage, au-dessus des baies bigéminées, nous trouvons un cartouche où s’inscrit le monogramme PC, monogramme que nous retrouvons dans de nombreuses pièces à l’intérieur de la maison.
Pour ce qui est du parc, un réseau d’allées sinueuses entoure un plan d’eau où, de nos jours, barbotent quelques canards. La végétation qui a atteint sa maturité a pris un aspect majestueux qui donne à ce parc un rôle de havre de paix dans le quartier. Le long de la rue Rémy Cogghe, où se trouve actuellement l’aire de jeux pour les enfants, s’élevait à l’origine une orangerie.
A une certaine époque, le parc possédera un kiosque à musique, les archives en possèdent les plans datés de 1881. Ce kiosque, qui enjambait le plan d’eau, a actuellement disparu.
Docteur Xavier Lepoutre
Vice-Président de la Société d’Emulation de Roubaix
Le temps des années glorieuses et de la renommée industrielle mondiale de Roubaix a laissé des traces durables en matière d’architecture et d’urbanisme. Témoins de ce passé glorieux, les Résidences d’Armenonville et de Marly se dressent avec fierté, aux abords du Grand Boulevard, et prolongent par leur aménagement et le traitement de leur environnement le Parc de Barbieux.
Conçues en 1957 par Guillaume Gillet, Guy Lapchin et Pierre Ross, dans le cadre du projet d’aménagement du Grand Boulevard, ces résidences constituent un groupement de logements collectifs privés, inscrit au registre des quartiers résidentiels de Roubaix. Elles s’intègrent dans un ensemble paysager qui les rend indissociables l’une de l’autre et offrent des qualités architecturales et urbanistiques assez peu communes pour l’époque.
Un site et une architecture privilégiés
Destinées à accueillir une population aisée, les résidences d’Armenonville et de Marly jouissent d’une implantation privilégiée. Elles sont séparées de la chaussée par une enfilade de platanes, les lignes de tramway et une voie mixte de desserte.
Réalisées en 1958, elles témoignent d’une importante innovation en matière d’urbanisme. Elles sont spatialement organisées dans un rectangle semi-clos, formé par deux « L » symétriquement opposés et ouvrent l’espace sur la ville en brisant l’alignement du Grand Boulevard.
Cette innovation est mise en évidence par le jeu architectural subtil de l’ensemble. Chaque résidence se compose de deux échelles et deux typologies de bâtiments. La première, par son imposante hauteur de onze étages, avec RDC, représente l’élément principal de l’opération. Elle s’érige en barre, perpendiculairement au boulevard et contient le plus grand nombre de logements. La seconde de moindre hauteur, est perçue comme une « barrette » à deux étages sur RDC. Elle vient rappeler le front à rue et clore partiellement la parcelle.
L’interpénétration de ces deux unités brise l’image imposante de la « grande barre » de logements et noue le rapport classique de l’alignement au boulevard. Cette qualité du travail architectural ouvre la parcelle sur la ville, en intégrant l’identité paysagère du Parc de Barbieux dans un domaine privé.
Jeux de façades
En remontant le Grand Boulevard qui longe le Parc de Barbieux, l’œil découvre les façades des deux barres principales, chapeautées par une couverture presque plane et légèrement cambrée.
Les immeubles, constitués par une ossature en béton armé, présentent sur les murs extérieurs suivant les plans de façade, un parement de grès-cérame ou de béton armé apparent. Les rez-de-chaussée constitués de libres pilotis allègent le corps du bâtiment. L’espace au sol ainsi créé devient un lieu de passage distribuant les halls d’entrée, qui participe pleinement à la composition paysagère. Les façades laissent apparaître la structure du bâtiment d’un léger épaulement. Celles d’entre-elles qui sont les mieux exposées à la lumière, au sud-ouest, sont structurées en alternance par des fenêtres réglées sur allèges à l’horizontale et des baies vitrées toute hauteur. Placées en fond de loggias ou en balcons en façades-pignons, ces baies ouvrent sur les pièces de vie, cherchant à leur donner le maximum de clarté. Les façades arrière, au nord-est, se composent quant à elles, dans le plan vertical, d’allèges et de fenêtres réglées à l’horizontale qui se superposent les unes aux autres sur un même nu. Les circulations verticales marquent et dénotent l’homogénéité de ces façades par le glissement de cette superposition sur un demi-niveau. Ces compositions apparaissent comme le remplissage d’une grille par endroits semi-occultée (chambres), vitrée (pièces de vie) ou vide (rez-de-chaussée). Le décollement de la toiture des barres principales contribue à alléger la perception de rigidité conférée par leur structure et donne lieu, au dernier étage, à des appartements panoramiques.
Conçus comme une série de villas mitoyennes, les hôtels particuliers s’inscrivent dans les petites « barrettes » situées au pied des grands immeubles. Ils ont pour caractéristique de s’aligner comme des casiers sur deux étages montés sur pilotis. Cette morphologie particulière des bâtiments offre à ces logements de vastes loggias en enfilade, côté sud, et rythmé de verticales filantes de claustras en béton ajouré, côté nord.
Jouxtant les portiques, les halls d’entrée sont surmontés d’un emmarchement d’honneur. Ils assurent le socle des circulations verticales et donnent ainsi l’impression d’être autonomes par rapport à la façade. Un pan de verre, sur toute la hauteur, laisse apparaître la découpe de la porte. Seul élément visible de cette surface transparente, la poignée de cuivre flotte littéralement dans l’espace. La qualité de l’aménagement et du traitement des matériaux des halls d’entrée indique clairement le caractère privatif de l’ensemble.
Cohérence architecturale et paysagère
Cernée de murets de pierre, la Résidence d’Armenonville surplombe le boulevard en léger dénivelé et s’en détache harmonieusement. Le résident peut y accéder à pied directement depuis le boulevard, en empruntant un escalier d’une dizaine de marches. L’accès à la résidence Marly se fait quant à lui par un cheminement en bitume, à travers la haie basse de clôture puis la pelouse. Le parking, noyé dans le paysage, s’intègre pleinement au projet et conserve son identité privative. Afin de préserver le caractère résidentiel de l’opération, les architectes ont manifestement tenu à marquer d’une forte cohérence les traitements architecturaux et paysagers.
Les aménagements paysagers des résidences participent à l’ensemble du projet et entrent en résonance avec la structure même des bâtiments qu’ils desservent le sol est traité de façon à ce que le piéton passe du bitume à la pelouse pour arriver ensuite sur les dalles en béton de cailloux. Il se retrouve alors sous le bâtiment et découvre l’espace central sans que sa vue soit entravée par la masse des bâtiments. Elle effleure les halls d’entrées et file entre les portiques pour se plonger dans le jardin, situé au cœur de l’îlot. Cet espace est traité de la même façon que l’ensemble de l’aménagement paysager qui associe les surfaces minérales et végétales.
Ce lieu de promenade s’agrémente d’arbres, de schiste, de verdure, d’un bac à sable cerné de haies et de petits murets de pierre, le tout parsemé de massifs de rosiers. Le jardin offre aux résidents un véritable parcours de détente préservé des nuisances de la ville par les bâtiments qui l’entourent.
Une approche nouvelle de l’habitat collectif
Les logements des Résidences répondent aux critères de confort et de bien-être recherchés par une certaine catégorie de résidents. Organisés en studios, duplex ou appartements avec chambre de bonne attenante à la cuisine, ils proposent des pièces spacieuses et lumineuses. Un hall d’entrée et un office ont été pensés dans la réalisation de chaque logement. Leurs dessertes s’effectuent par ascenseur, escalier et monte-charge.
L’accès aux hôtels particuliers s’effectue par le hall d’entrée, situé au rez-de-chaussée, qui s’ouvre en contrebas sur l’escalier de la cave attenant à la chambre de bonne. Un escalier montant permet d’accéder aux pièces des étages supérieurs (cuisine, séjour, chambres) et aux loggias.
L’argumentaire employé dans la plaquette commerciale d’origine insiste nettement sur ces aspects de confort et de bien-être qui font la différence : « tous les appartements de cet ensemble sont équipés d’un chauffage collectif par le sol et d’installations sanitaires de premier choix. Un vitrage double ou un vitrage triple, selon les cas, assurent d’autre part aux logements une isolation thermique et phonique de très haute qualité »… tout au moins à l’époque de leur construction.
Par le jeu sur la transparence et la luminosité des espaces intérieurs et extérieurs, par le travail réalisé sur les bâtiments en osmose avec le site paysager, les architectes ont su instaurer le désir d’une approche nouvelle de l’habitat collectif. Renforcer le sentiment d’autonomie et d’intimité des habitants au sein de la collectivité, tout en leur donnant le plaisir de l’espace, tel paraît avoir été le désir et l’objectif de Guy Lapchin et Guillaume Gillet en réalisant ce projet.
Trente ans plus tard, les thèmes de confort et de bien-être qu’ils développent restent d’actualité et semblent être toujours recherchés dans la réalisation de logements collectifs non réservés à une classe sociale élevée. Dans ces conditions, l’accès au « confort à loyer modéré » peut sembler un pari fou. D’illustres figures de l’architecture ont pourtant défendu activement ces valeurs de qualité de vie et d’esthétique pour tous. Sans doute inspirés par les idées de Le Corbusier, Guy Lapchin et Guillaume Gillet s’inscrivent dans le sillage de l’architecture moderne avec un raffinement réservé ici à un public autrement privilégié.
Christophe Vanhalst
École Nationale d’architecture de Lille
La construction de cette salle en 1876 et 1877 selon les plans de l’architecte COLIEZ fait suite à une décision du Conseil municipal désireux de doter la ville d’un gymnase, afin d’y accueillir les écoles de Roubaix. Occupée en 1906 par « La Roubaisienne » créée le 14 juillet 1875 et qui prendra en 1882 le titre de Société municipale de Gymnastique et de Tir « La Roubaisienne », elle est actuellement aménagée en salle de spectacles.
Le bâtiment témoigne de l’architecture fonctionnelle de la fin du 19e siècle avec son ossature toute en courbes et ses galeries aux décorations surprenantes comme les gueules de lion portant des haltères dans leurs crocs.
C’est lors de ses séances des 31 mars et 7 juillet 1876, que le Conseil municipal vote la construction d’un gymnase municipal destiné aux enfants des écoles primaires, cette décision est approuvée par la préfecture du Nord le 3 août 1876.
Ce gymnase doit être édifié rue de la Promenade (rue du Général Chanzy actuelle) sur une parcelle de 34 mètres de long sur 25,6O mètres de large. Ce terrain est occupé, pour la plus grande partie par le jardin potager des Frères de la Doctrine chrétienne, le reste étant occupé par des maisons en très mauvais état qui appartiennent à la ville de Roubaix.
Le projet se divise en trois parties : le gymnase proprement dit, la maison d’habitation du professeur et la cour. Le gymnase couvre au fond de la parcelle une surface à peu près rectangulaire de 25,60 mètres de longueur sur 18,50 mètres de large. Il se compose d’une salle unique bordée sur tout le pourtour de galeries laissant au centre un espace libre. Les murs de face et les pignons sont en maçonnerie de brique avec revêtement de pierre de Soignies pour celui donnant sur la cour. La toiture est supportée par des fermes en charpente correspondant aux poteaux des longs côtés. La maison d’habitation du professeur et ses dépendances occupent sur le côté gauche, entre le gymnase et la rue un trapèze de 16,50 mètres de long sur 6,50 mètres de largeur. La cour occupe la partie restante du terrain, elle est fermée sur la rue par un mur de brique avec un soubassement en pierre de Soignies, orné de pilastres et de quelques pierres de taille blanche, au milieu de ce mur se trouve une grande porte où les élèves entrent au gymnase. Il est stipulé aussi que : « la cour de faible dimension ne doit pas servir à des exercices et ne recevra aucun appareil, toutes les leçons devant se donner dans la salle affectée à cet usage ».
L’ensemble de la dépense est estimée à 29.000 francs. L’adjudication des travaux a lieu le 24 août 1876 à 11 heures. Ce sont les sieurs Decraene et Dumortier qui sont adjudicataires des travaux. A sa séance du 17 mai 1877 et à la suite d’une requête de monsieur Braquet, professeur de gymnastique, le Conseil municipal vote un crédit supplémentaire de 2.400 francs pour l’acquisition du mobilier nécessaire à l’équipement du gymnase. La réception définitive des travaux du gymnase a lieu le 4 août 1878. Le décompte exact des travaux du gymnase s’élève à la somme de 34.193,70 francs.
Le 20 août 1884, M. Buisine, Conseiller municipal, demande qu’une partie du jardin de l’école de la rue du Moulin, qui s’étend derrière le gymnase, soit transformée en une cour pour les élèves du gymnase. Il y est question d’y effectuer des exercices de tir, deux cibles Flobert devant y être établies. Mais il faut attendre le 3 décembre 1886 pour que le Conseil municipal vote l’appropriation d’une bande de terrain de quatre mètres sur le jardin de l’école et un tir est installé au gymnase municipal. Le 19 janvier 1894, une somme de 5.000 francs est votée pour la réfection de la toiture des bas-côtés.
En février 1906, il est décidé d’effectuer des travaux afin d’isoler complètement le gymnase de l’école de la rue Chanzy et le 16 novembre de la même année, le Conseil municipal décide de louer le gymnase à la société de gymnastique « La Roubaisienne » pour une durée de quinze ans, moyennant un loyer nominal d’un franc par an. « La Roubaisienne » n’aura d’autres charges à supporter que celles résultant des réparations extérieures locatives de l’immeuble, les impôts, taxes, assurances seront payés par la ville. La maison d’habitation est attribuée à M. Piesvaux, son Chef de gymnastique.
SOCIETE SPORTIVE « LA ROUBAISIENNE »
En ce qui concerne « La Roubaisienne », cette société sportive a été fondée le 14 juillet 1875 sous le nom de « Société de gymnastique de Roubaix », elle ne prendra le nom de : « Société municipale de Gymnastique et de Tir La Roubaisienne » qu’en 1882.
Cette société connaît son heure de gloire au tournant du siècle : en 1900, « La Roubaisienne » remporte, outre le prix de gymnastique, le championnat de France d’athlétisme et exécute une démonstration devant le Président de la République, ce qui fait dire que « La Roubaisienne est le plus beau fleuron de l’Union des sociétés de gymnastique de France ». En 1914, le Président d’honneur de la société est G. Wattinne et son président actif Alfred Motte.
Le but de la société est : « de propager le goût pour les exercices du corps, de développer la force, l’adresse et le courage afin de faire des hommes vigoureux, en un mot de préparer pour le pays des hommes vaillants ». Jusqu’en 1995, le gymnase de la rue Chanzy reste dévolu à « La Roubaisienne » qui y a son siège, cependant la société n’utilise plus que très rarement cette salle, ayant redéployé ses activités dans la salle des sports de la rue Watt. De ce fait, la municipalité décide d’allouer la salle à la troupe de théâtre « Théâtre en Scène », cette troupe étant à l’étroit dans les locaux de la salle Pierre de Roubaix. L’inauguration de la salle réaffectée au théâtre a lieu en novembre 1995.
Visitons maintenant cette salle. Le mur de façade sur la rue a été abattu et il nous faut traverser une petite cour goudronnée entourée d’une haie de troènes. Le mur de façade est percé de quatre portes et de sept oculi qui éclairent la galerie. A l’intérieur, la salle est rectangulaire, son plafond est constitué d’une voûte en berceau tapissée de bois. Cette voûte repose sur six fermes métalliques qui prennent naissance sur des poteaux qui ménagent cinq travées dans le sens de la longueur. Toutes ces structures métalliques sont recouvertes de bois.
Une galerie court au premier étage autour de la salle. Cette galerie était primitivement réservée aux spectateurs, des gradins y étant installés. Chaque travée est décorée d’un motif constitué d’une gueule de lion serrant entre ses mâchoires une haltère. Une balustrade de bois clôt cette galerie. Toujours au niveau de la galerie, à une extrémité, de grandes baies vitrées ménagent une salle dont les murs sont tapissés de hautes vitrines qui contenaient les très nombreux trophées de « La Roubaisienne ». La salle est éclairée par deux grands oculi percés dans les deux pignons ainsi que par trois lanterneaux au niveau du plafond.
La Direction régionale de l’Action culturelle a reconnu l’intérêt architectural de cette salle unique en son genre et l’a proposé pour une inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 7 mars 1997, cette décision a été approuvée par un arrêté préfectoral du 12 mai 1997.
La structure « Danse à Lille » s’installe au Gymnase en 2003 et devient le Centre de Développement Chorégraphique (CDC). La structure propose une saison de spectacles qui accueille chaque année une quarantaine de compagnies de danse contemporaine et deux festivals sont organisés tous les ans ainsi que des cours et des stages.
La salle a été l’objet d’une rénovation soignée de juin 2005 à septembre 2006 ce qui a permis de conserver l’esprit d’origine du bâtiment tout en l’adaptant à ses nouvelles fonctions.
Docteur Xavier Lepoutre
Vice-Président de la Société d’Émulation de Roubaix
On n’a jamais retrouvé le permis de construire de construire de cet Hôtel, pas davantage le nom de son architecte. C’est l’industriel Amédée Prouvost qui l’a fait édifié au 36, de la rue Pellart (aujourd’hui avenue des Nations-Unies). C’est en effet en 1868 qu’Amédée Prouvost, créateur en 1851 du Peignage Amédée Prouvost et Compagnie, déménage du 1 Grand’Place au 36 de la rue Pellart.
Ce déménagement est très certainement en rapport avec les travaux d’agrandissement de la Grand’Place qui entraînent la démolition d’un certain nombre d’habitations. Nous n’avons pas retrouvé le permis de construire du 36 rue Pellart mais il est presque certain qu’il a été édifié par Amédée Prouvost lui-même. Seule a été retrouvée une demande de raccordement à l’aqueduc municipal en date du 19 avril 1872.
Cet Hôtel particulier est bâti entre cour et jardin. En front à rue s’élève un bâtiment à un seul étage réservé aux communs. Un grand porche dont l’aspect a dû être modifié permet d’accéder à la cour. L’imposte sur la cour de ce passage est orné d’un beau fer forgé.
Dans la cour, la façade principale se dresse devant nous. Le perron semi-circulaire est garni de balustres, quatre colonnes monolithes supportent une saillie de la façade, elle aussi semi-circulaire, percée de trois baies séparées par des pilastres. Chaque baie est surmontée par un motif de stuc. De chaque côté de cette avancée, la façade est rythmée par deux travées de fenêtres.
Au-dessus du premier étage, le comble est garni de lucarnes. Le bâtiment central se prolonge légèrement par deux petites ailes en retour de chaque côté de la cour. Sur le côté gauche, une galerie ouverte au rez-de-chaussée assure la liaison avec le bâtiment front à rue.
UN ORATOIRE AU PREMIER ETAGE
A l’arrière et sur le côté droit, s’étend le jardin, bien rétréci ces dernières années par la construction d’une résidence d’étudiants. A l’intérieur, au rez-de-chaussée, un grand hall permet d’accéder au fumoir et aux différents salons qui donnent sur le jardin.
A l’extrémité du hall s’élève un escalier qui permet de gagner le premier étage. Là, un autre hall dessert les chambres. Au fond, s’ouvre un oratoire.
C’est dans cet hôtel que meurt Amédée Prouvost le 11 décembre 1885, ce sera sa veuve, née Joséphine Yon, qui l’habitera ensuite jusqu’à son propre décès en 1902. Puis l’hôtel est loué à Monsieur et Madame Auguste Lepoutre dont les usines s’étendent en face.
Après la Première Guerre mondiale, il est acheté par la « Société Immobilière des fils d’Auguste Lepoutre». Après la Seconde Guerre mondiale, l’hôtel est transformé en commissariat de police jusqu’à son déménagement pour le boulevard de Belfort. Il sera ensuite occupé quelques années par une annexe du lycée Saint Martin. Depuis 1993, c’est l’A.R.A. (Ecole de musique de rock) qui en a pris possession.
PROTEGE PAR LES MONUMENTS HISTORIQUES
A côté, le numéro 34 a été bâti en 1872 par M. Henri Lestienne, époux d’Antoinette Prouvost. C’est un Hôtel en front à rue qui s’ouvre par une grande porte cochère. Cette construction s’imbrique dans l’Hôtel d’Amédée Prouvost, d’ailleurs les deux cours communiquent. Au fond de la cour du numéro 34 s’élève un charmant pavillon de jardin. Ce numéro 34 sera habité en 1885 par Monsieur et Madame Wibaux-Motte, puis, quelques années plus tard, par Edouard Prouvost qui l’occupe. A partir de 1910, le Syndicat des peigneurs de laine s’y installe jusque dans les années soixante.
Pour en revenir au n° 36, cet hôtel est un des rares exemples d’Hôtel particulier entre cour et jardin bâti sur Roubaix. Il se devait d’être conservé dans son intégralité. En 1997, la COREPHAE avait reconnu l’intérêt architectural de cet Hôtel en acceptant de le protéger par une inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques car ce bâtiment est : « un exemple intéressant d’Hôtel d’industriel entre cour et jardin, ayant conservé des dispositions intérieures et décoratives originales… ».
Docteur Xavier Lepoutre
Vice-Président de la Société d’Émulation de Roubaix
C’est à Napoléon III que l’on demanda de poser la première pierre. Ce à quoi l’Empereur fit répondre le 6 juin 1853 : qu’il ne savait à quelle époque il se rendrait dans le Nord de la France et que ne voulant pas retarder les travaux il ne souhaitait pas poser la première pierre de l’hôpital mais qu’il consentait avec plaisir à lui donner son nom. Afin d’honorer les souscripteurs et l’Empereur, la Chambre consultative désirait aussi que les noms des souscripteurs soient gravés sur des tables de marbre qui décoreraient la salle principale de l’hôpital dans laquelle serait placé le buste en marbre de Sa Majesté l’Empereur Napoléon III.
C’est l’hypothèse d’un hôpital hospice qui est d’abord envisagée. La dépense pour la première partie de l’hôpital contenant 160 lits est évaluée à 200 000 francs. Achille Dewarlez est chargé d’en établir les plans. A quel endroit va-t-on construire cet établissement? On projette de l’édifier à la place de l’ancien cimetière de Roubaix situé rue du Fresnoy auquel serait adjointe une parcelle appartenant à Madame Deffrennes. Mais cela est refusé par le Conseil central d’Hygiène et de Salubrité du Département du Nord qui décrète que le terrain du cimetière de Roubaix ne peut être livré au commerce avant 30 ans, à dater de l’époque de sa fermeture (c’est à cet endroit que sera construite en 1885 l’ ENSAIT). Plusieurs autres emplacements sont donc étudiés : un terrain situé à l’ embranchement (rue de Lille actuelle), celui de la rue des Longues Haies, un autre au Galon d’eau enfin un emplacement rue de Blanchemaille situé entre cette rue et la voie de chemin de fer. Le terrain de la rue des Longues Haies est refusé en raison de la proximité de la partie la plus insalubre du canal et c’est l’emplacement de Blanchemaille qui est choisi. C’est un terrain élevé, sec, au nord-ouest de Roubaix, recevant donc très peu de vents passant par la Ville.
Il est près du centre de l’agglomération et des quartiers habités par la plus grande partie des nécessiteux. Un des inconvénients de ce terrain est l’éloignement du cimetière, d’où nécessité pour s’y rendre de traverser toute l’agglomération, sans méconnaître les inconvénients réels de mettre sous les yeux des habitants les nombreux convois funèbres en temps d’épidémies. Et le Conseil central d’Hygiène conclut de la façon suivante : le terrain de Blanchemaille est un point culminant, bien aéré, le sol est sec. Ce terrain est donc celui qui doit être choisi pour y construire l’hôpital. Ce terrain est constitué de deux parcelles dont l’une appartient à M. Louis Ducatteau et l’autre à M. Cannesson.
Le 5 février 1857, M. Tiers Bonte, faisant fonction de Maire, décide de mettre au concours un projet complet d’hôpital communal. Le projet devra être conçu dans les vues d’une grande économie, sans toutefois nuire à la solidité et à la régularité des formes. Point de luxe, mais du confortable au dedans et une élégante simplicité à l’extérieur. Il devra y avoir dans chacun des services, hommes et femmes, une salle de bains avec une division particulière pour les enfants.
La Ville ne prend aucun engagement relativement à la direction des travaux. Si l’architecte dont le projet aura été jugé le meilleur n’est pas chargé d’en diriger l’exécution, il recevra 2000 francs à titre de prime. Une prime de 1000 francs sera aussi accordée à l’architecte dont le projet recevra le second prix. En octobre 1857, les douze projets résultant du Concours sont soumis au jugement du Conseil général des Bâtiments civils. C’est le projet n°5 portant l’épigraphe Saint-Vincent de Paul qui est choisi. Il est l’oeuvre d’un architecte parisien M. Botrel d’Hazeville.
L’architecte s’est inspiré de l’hôpital Lariboisière de Paris. Le plan est de type pavillonnaire ramassé. C’est un vaste quadrilatère auquel viennent se souder quatre ailes principales ou pavillons séparés par des jardins. Le projet classé second dénommé « Probitas et Industria » est l’oeuvre de Théodore Lepers, l’architecte municipal.
A noter, parmi les autres projets : le n° 7 de Charles Maillard architecte de Tourcoing (ce projet est conservé aux Archives municipales). Le n° 9 de Clovis Normand fils, architecte à Hesdin. Si le projet choisi reçoit l’aval du Conseil municipal, l’édifice projeté présente un aspect monumental digne d’une ville comme la nôtre, il essuie de nombreuses critiques de la part de la Commission administrative des Hospices : la ventilation des salles ne semble pas assez prise en compte et les salles de réception des malades, la chapelle et les cellules des Sœurs qui n’offrent que deux mètres sur deux sont trop petites. Théodore Lepers qui est chargé des travaux effectue des rectifications aux plans.
L’enquête d’utilité publique a lieu du 21 août au 4 septembre 1858. Les travaux sont chiffrés à la somme de 293.257,56 francs tandis que le prix de l’acquisition du terrain s’élève à 98.994,06 francs. Le 12 juin 1860, la construction du nouvel hôpital Napoléon sur le terrain dit de Blanchemaille est déclarée d’utilité publique et à partir du mois de mai 1861 le reste des souscriptions est mis en recouvrement.
La souscription rapporte au total la somme de 93 000 francs. L’adjudication des travaux a ensuite lieu le 15 juillet 1861. La première pierre est posée le 15 août suivant, après un Te Deum solennel à Saint-Martin, par le Maire M. Ernoult Bayart, assisté de MM. Julien Lagache, Constantin Descat et Renaux Lemerre, ses adjoints, en présence du clergé, des membres du Conseil municipal et de la Chambre consultative des Arts et Manufactures et de l’architecte Théodore Lepers. Une plaque de marbre rappelle cette cérémonie.
Le 28 août 1863 il est décidé d’agrandir la chapelle, on fait appel à l’architecte lillois Alavoine. Les travaux de construction de l’hôpital dureront jusqu’en 1865. A la suite d’une visite générale mais sommaire de tous les travaux en date du 17 mars 1865, les conseillers municipaux délégués concluent que : « l’ensemble gagnerait à être habité très prochainement et engagent l’administration hospitalière à prendre immédiatement possession de l’édifice bien qu’il ne soit pas complètement achevé dans tous ses détails ». La bénédiction de la chapelle a lieu le 22 mars 1865.
A la séance du Conseil municipal du 30 mars 1865 est soumis le dessin du haut relief à exécuter sur le fronton de la chapelle. Cette oeuvre est due au statuaire parisien Charles Iguel. Très satisfait de la qualité de l’œuvre, le Conseil municipal décide d’ajouter 2.000 francs au 3.000 francs déjà votés. Un peu plus d’un mois plus tard, la décision est prise de placer ce haut relief non pas sur la façade de la chapelle endroit si peu accessible mais sur la façade même de l’hôpital à laquelle il est décidé d’ajouter un étage afin de recevoir le fronton: nous ne doutons pas que l’exhaussement d’un étage donnera à la façade un caractère beaucoup plus important que celui qu’elle a actuellement.
Les malades prennent possession du nouvel hôpital au cours de l’année 1865. En septembre 1865, un buste de marbre de l’empereur est commandé au sculpteur Iselin pour la somme de 2.000 francs (ce buste se trouve actuellement au musée de Roubaix). En effet sollicité par la Municipalité roubaisienne, le ministre de la Maison de l’Empereur et des Beaux Arts n’avait promis qu’un buste en plâtre de Sa Majesté l’Empereur, les frais d’emballage devant être acquittés par la Ville !
Le 28 août 1867, le Conseil municipal vote une allocation supplémentaire de 1500 francs à Charles Iguel à titre d’indemnité et en gage de satisfaction.
Lors de leur passage à Roubaix le 29 août 1867, l’Empereur et l’Impératrice visitent l’établissement. A ce moment, l’hôpital compte 208 lits : 108 au rez-de-chaussée (27 pour les fiévreux, 56 pour les hommes blessés, 25 pour les femmes blessées) et 100 lits au premier étage (26 pour les femmes fiévreuses, 26 pour les hommes fiévreux et 48 pour les enfants du 1er âge à 15 ans).
Le 18 janvier 1869 a lieu l’adjudication des travaux de construction d’une buanderie à vapeur tandis qu’à la séance du Conseil municipal du 22 mai est décidé d’ajouter un étage aux bâtiments latéraux à la cour de la chapelle afin de donner plus d’espace au logement des religieuses et des personnes attachées à l’établissement. C’est l’architecte Edouard Dupire qui est chargé des travaux, son oncle Théodore Lepers venant de décéder le 2 mai 1869. A la chute de l’Empire, l’Hôpital Napoléon reçoit le nom d’Hôpital civil puis d’Hôtel Dieu.
En 1881, Emile Moreau rédige un rapport sur l’hôpital en évoquant les lacunes de l’établissement: Il ne s’y trouve aucune chambre particulière pour les malades infectieux. Les salles constamment occupées y sont forcément insalubres. On y fait aucune consultation publique. Il n’y a point de maternité. Il prône aussi la laïcisation du personnel de l’Hôtel Dieu : il serait plus juste et plus humain de confier le soin des malades et la direction des différents services de l’hôpital à des veuves d’employés et d’ouvriers de l’industrie roubaisienne qu’à des congréganistes étrangères à la ville.
L’année suivante, il est décidé d’ajouter un étage de chaque côté de la cour centrale pour permettre d’installer un dortoir de 16 lits destinés à recevoir des malades atteints de maladies contagieuses et de l’autre les personnes sans famille qui désirent se faire traiter moyennant finances.
La même année, l’architecte municipal dresse les plans d’un baraquement pour varioleux qu’il est d’abord question de construire sur l’emplacement à Barbieux qui doit servir ultérieurement à la construction d’un hospice pour les vieillards puis sur les terrains des Hauts Champs. En 1884, on décide de construire le pavillon pour varioleux de 30 lits dans l’enceinte de l’hôpital sur la parcelle de terrain restée inoccupée du côté de la rue Isabeau de Roubaix… Deux ans plus tard, on projette de construire une brasserie sur le coin de la rue de l’Alma et de la rue Isabeau de Roubaix.
A ce moment, l’Hôtel Dieu compte 331 lits et 15 berceaux. La réception définitive du pavillon pour varioleux a lieu le 5 octobre 1888. L’année suivante est décidé de construire une aile de deux niveaux entre la rue Saint-Vincent de Paul et le pavillon central, ce qui permet d’ajouter 46 nouveaux lits déjà existants. En 1892 est voté un crédit pour l’établissement d’une étuve à désinfection. Cette étuve à désinfection sera mise à la disposition du public : il en coûtera 2 francs pour la désinfection d’un matelas, 0,50 pour celle d’un drap.
En 1893, l’administration des Hospices signale à la Municipalité l’exiguité de la cave de la brasserie de l’Hôtel Dieu : en effet par suite de l’augmentation de la fabrication de bière résultant des livraisons faites aux cantines scolaires (!) et au nouvel hospice de Barbieux, l’entonnerie de la brasserie est devenue insuffisante. En 1895, on décide de réunir le pavillon des varioleux qui avait été construit de façon isolée, au corps central de l’hôpital. En 1898, il est décidé pour agrandir le pavillon des enfants d’utiliser un baraquement dont la construction avait été commencée lors d’une épidémie de choléra et qui avait été conservé dans les magasins de la Ville.
En 1901, l’hôpital reçoit la visite de l’Inspection générale des services administratifs. Il est de nouveau déploré l’exiguïté de l’hôpital et les risques de contagion qui en découle : comme service de contagieux, il y a seulement trois petites pièces ou salles d’isolement ce qui est tout à fait insuffisant et même dangereux. On place indistinctement chez les fiévreux les typhiques et les malades atteints de la diphtérie. A la séance du 27 juin 1902 est votée, à la suite de la découverte dans les écoles roubaisiennes de 81 enfants atteints de la pelade, de la teigne ou de différentes maladies du cuir chevelu, la construction d’un dispensaire pour le traitement des maladies du cuir chevelu avec cette réserve qu’il serait pris des mesures pour que les visites à ce dispensaire ne coïncident pas avec les entrées et sorties de l’école de la rue Saint-Vincent de Paul et ne permettrait pas le contact des enfants malades avec les enfants qui fréquentent la dite école.
En 1907, à l’ouverture du nouvel hôpital de la Fraternité, les malades quittent l’Hôtel Dieu. Celui-ci accueille les pensionnaires de l’Hospice (situé rue de l’Hospice) qui est démoli, on construira à sa place la salle Watremez. Trois cent cinquante vieillards sont hébergés dans ce qui devient alors l’hospice Blanchemaille. A la même époque, la Commission administrative des Hospices fixe son siège dans l’établissement.
En 1911, à la suite d’une visite de l’hospice, M. et Mme Joseph Pollet Motte offre une somme de 100.000 francs pour construire deux infirmeries supplémentaires. La Commission administrative accueille avec empressement cette proposition et décide de réaliser cet agrandissement en surélevant de deux étages les bâtiments qui entourent la cour d’entrée. C’est l’architecte Ernest Thibeau qui est chargé des travaux. Ceux-ci sont terminés en 1913. En 1911 également, l’aumônier l’abbé Algrain augmente la surface de la chapelle et l’embellit. La chapelle est dégagée des deux salles de bains immenses qui la flanquaient et y répandaient l’humidité et on lui adjoint deux nefs latérales. Le chœur est agrandi et embelli par la restauration de l’autel, du banc de communion et de la chaire.
En novembre et décembre 1977, 163 pensionnaires quittent l’hospice de Blanchemaille pour celui de Barbieux. Enfin, en mars 1978, les 82 derniers pensionnaires quittent l’établissement. L’Hospice de Blanchemaille est démoli en 1981. Quelques années auparavant, l’Evêché avait envisagé d’utiliser la chapelle de l’hospice en remplacement de l’église Notre-Dame démolie.
Ne subsistent des bâtiments que le fronton de Charles Iguel qui est remonté grâce à une souscription et à la Fondation de France sur le square qui jouxte la Caisse d’Allocations familiales ainsi que les plaques des donateurs qui se trouvaient dans le hall et qui ont été reposées dans la galerie gauche de l’hospice de Barbieux.
La gare et les voies du chemin de fer avaient séparé le quartier du Fresnoy du reste de la ville à laquelle il était relié par la rue de Mouvaux et la rue Saint-Vincent de Paul (aujourd’hui disparue). C’était un gros inconvénient que subissaient tous les jours les habitants du quartier et toute la population ouvrière que le métier appelaient au Fresnoy.
Il n’y avait qu’un seul remède à cette situation : établir une passerelle près de la gare, au-dessus des voies ferrées. Comme toujours, ce sont les choses les plus utiles qui mettent le plus de temps à se réaliser. Déjà en 1885, les habitants du Fresnoy avaient essayé d’obtenir une passerelle. Un syndicat s’était formé entre les propriétaires pour trouver une somme importante à offrir à la ville comme participation à cette dépense. Mais la Compagnie du Nord, se réservant le droit de la construction de la passerelle, présenta deux projets, l’un de 65.000 francs et l’autre de 80.000 francs. Les pourparlers entre la ville, les propriétaires et la Compagnie du Nord n’aboutirent pas. Le quartier, à cette époque, ne comptait que trois mille habitants.
Vingt ans après, la population ayant plus que doublé, la passerelle devenait de plus en plus une nécessité. Après bien des vœux restés sans résultat au Conseil général ou au Conseil municipal, la question était remise sur le tapis en 1904 par Jules Noyelle. Un nouveau syndicat de propriétaires s’était formé et avait réuni une vingtaine de mille francs, grâce aux efforts de M. Edmond Dujardin.
La passerelle était enfin terminée et inaugurée le 14 septembre 1908 et on lui donna le nom du principal promoteur de cette utile construction.
Edmond DUJARDIN
C’était une personnalité très connue et très sympathique à Roubaix. Il était Président d’honneur du cercle colombophile l’ « Union », et, en cette qualité, il fut nommé chevalier du Mérite Agricole en 1902.
Il était l’un des plus anciens et des plus actifs « coulonneux » de la région. Dès sa jeunesse, il s’était occupé de ce sport si utile et si intéressant au point de vue de la Défense nationale (à cette époque, tous les pigeonniers étaient soumis à une autorisation militaire et minutieusement référencés sur les cartes d’état major). Grâce à des expériences raisonnées et suivies, il était arrivé à le perfectionner et à posséder le pigeonnier le plus pratiquement installé et le plus beau qu’il soit possible d’imaginer. Il partageait son savoir-faire en faisant visiter ses installations à toute personne passionnée comme lui-même de colombophilie.
Edmond Dujardin est décédé accidentellement, le 26 août 1909, à l’âge de 60 ans. Il s’était rendu à Ostende avec un groupe d’amis. Au retour, en automobile, les excursionnistes étaient parvenus, vers six heures du soir, à l’entrée du petit village de Woesten, à 10 kilomètres d’Ypres, sur la grande chaussée dite « du Roi » qui va d’Ostende à Menin par Furnes et par Ypres, lorsqu’ils tamponnèrent un cabriolet. L’automobile fut renversée et deux des voyageurs, Edmond Dujardin et Paul Catteau, furent tués sur le coup.