Sommaire n°4 Octobre 2007

N°4

Germaine Lantoine Neveux

par

René Pierre BUFFIN

page

4

Editorial

par

Bernard SCHAEFFER

page

5

Roubaix à travers les âges II

par

Gaston MOTTE

page

7

Les monuments historiques § Roubaix

par

Laurence MOURETTE

page

11

Roubaix et les monuments historique, protection et classement

par

Pierre LEMAN

page

12

L’église Saint Joseph

par

Laurence MOURETTE

page

15

Roubaix et la musique

par

Philippe WARET

page

16

50 ans de textile roubaisien à travers sa publicité

par

Stéphane MATHON

page

17

André Missant

par

Florent VANDEMORTERE

page

30

La muse de Nadaud – Ses présidents

par

Jean JESSUS

page

32

Le jour où les tramways ont disparu de Roubaix

par

Philippe WARET

page

33

Maxence Van der Meersch et les étrangers

par

Michel DAVID

page

35

Le drame de l’église St Michel

par

Gens § Pierres de Roubaix

page

37

La société des artistes roubaisiens

par

Alain DELSALLE

page

38

Roubaix …. au féminin pluriel

par

Bernard SCHAEFFER

page

39

Chronique littéraire

par

Bernard LEMAN

page

42

Roubaix la fierté retrouvée, Le secret des Mulliez,

Histoire de la libération de Roubaix et Tourcoing

 

Sommaire n°3 mars 2007

Sommaire n°3 Mars 2007

Abel Leblanc, peintre page 4

Éditorial par Bernard SCHAEFFER page 5

Vive Roubaix ! Partition Par FAVIEURILLE – ERBAUT page 6

Roubaix à travers les âges par Gaston MOTTE page 7-10

Jean de Roubaix et Isabelle et Isabelle du Portugal par Denise PROUVOST page 11-13

Église Saint Martin – Cloches et carillon par Gaston MOTTE page 14

Silas Auguste Broux par Dominique VALLIN-PITEUX page 17

Amédée Prouvost par Jean JESSUS page 19

Le château Vaissier « Palais du Congo » par Gilles MAURY page 21

Charles Gounod à Roubaix par Francine DECLERCQ – Laurence MOURETTE page 33

Louis Catrice par Philippe WARET page 35

Madame Motte Delattre par Gaston MOTTE MULLIEZ page 37

Mamadou N’Diaye par Michel DAVID page 38

Motte-Bossut, l’Usine par Xavier LEPOUTRE page 40

La Chronique littéraire de Bernard LEMAN page 42

Le peintre Abel Leblanc, Le textile dans le Nord, Roubaix de A à Z

Maurice Maes

En allant faire les courses à Mouvaux, rue Roosevelt, avec Georgette, on s’arrêtait au n° 5 pour rendre visite à Clémence. J’avais 15 ans et j’entrais pour la première fois dans une petite maison flamande, de basse toiture, dans une entrée où l’on ne pouvait se croiser et là, c’était un éblouissement : des peintures aussi hautes que les murs de la maison où jaillissaient la lumière et les formes, un tourbillon de couleurs et une présence. « On entrait dans une cathédrale ».

Trônait à droite sur la cheminée « le Portrait du Père » de Maurice MAES, étincelant dans les jaunes de Van Gogh (aujourd’hui conservé au musée La Piscine de Roubaix).

On s’asseyait à la table de la cuisine et Clémence nous ouvrait les cahiers d’écolier pleins de dessins, tous plus forts les uns que les autres et dont la découverte faisait que ces œuvres ne ressemblaient à aucune autres. C’était magique…

Plus tard, à l’école des Beaux Arts, notre professeur, Monsieur JACOB, nous montrera les dessins réalisés à l’école par Maurice MAES dont un était accroché près du poêle dans la salle de classe, un visage d’homme sans âge, qui avait dans le regard la détresse des soldats revenant du front de la guerre 1914.

Maurice MAES, c’est Monsieur JACOB qui me le fera découvrir dans son œuvre au cours de nos trajets de l’Ecole à Roubaix (l’E.N.S.A.I.T.) jusque Mouvaux, son domicile. Il me gratifiait d’un cours d’histoire de l’Art, pendant que je le conduisais en voiture car, à l’époque, il n’avait pas le permis et détestait prendre le volant.

Maurice MAES a conquis son droit de peindre à force de discipline. C’est un artisan de la matière, amoureux de la matière, de ses révélations et de ses rayonnements, un besoin de découverte et de renouveau constant de vie. « La peinture, sa plus belle joie » dira René JACOB.

Né le 8 novembre 1897 à Bruges, il décède à Mouvaux le 14 juin 1961. Il fait ses débuts à l’Académie de Bruges, sa ville natale, avant la guerre. En 1915, à 17 ans, il s’engage et fait toute la Campagne dans l’armée Belge. Il subi l’expérience sans pareil de la guerre des tranchées, sans excès héroïque mais aussi sans en être marqué profondément. Après la guerre, à a cause des nécessités de la vie, il vient s’installer à Mouvaux et reprend la palette après une interruption de 15 ans.

Élève de l’école des Beaux Arts de Tourcoing puis de l’E.N.S.A.I.T à Roubaix, il rencontre Monsieur JACOB, historien d’Art et Professeur de dessin, modèle vivant et peinture. Maurice MAES est vite considéré comme un artiste modeste et solitaire. On décèle cependant chez lui un génie certain, une impulsion de « démon » de la peinture. Sans autre maître que ce commandement intérieur, il produit une peinture dont l’œuvre restera marquante pour les générations futures.

« Sans maître oui, si ce n’est ceux qui sont les maîtres de tout le monde, l’immortelle phalange des artistes de tous les temps que le destin a marqué de son signe » (La Croix du Nord).

Maurice MAES était Flamand d’origine et restera Flamand de cœur et de tempérament, il était pourtant profondément attaché à la culture française. Il reconnaissait avec enthousiasme la suprématie de la peinture moderne française et s’en imprégnait sans cesse, il l’admirait totalement depuis l’époque Romantique jusqu’à nos jours et s’il aimait sincèrement les Flamands tels que Permeke ou Ensor, il plaçait au dessus de tout les impressionnistes, Pissarro en particulier, mais aussi Van Gogh.

« Maurice MAES en resta plus totalement attaché à la vie, de toutes les fibres de son être, avec ardeur, avec conviction rejetant par avance toutes les complications esthétiques qui auraient pu le détourner de cette expression franche et directe qui devait dire avant tout que la Vie était belle du moment qu’elle est vraie ».

Une des plus belles distinctions qu’il reçut fût la Rose d’or des Rosati en reconnaissance de son œuvre. Il est reconnu également par ses nombreuses participations au Salon des Artistes Français et de Paris ainsi qu’au Salon des  Artistes Roubaisiens à l’hôtel de Ville de Roubaix. Une rétrospective au Musée des Beaux Arts de Tourcoing, préfacée par Monsieur Jacob et les expositions annuelles à la Galerie d’Art à Lille rue Esquermoise, lui permirent de se faire connaître du grand public.

Comment ne pas évoquer l’influence de ce grand Artiste qui avait son atelier rue Nain à Roubaix et que fréquenteront les grands Artistes d’aujourd’hui d’Eugène Leroy dont l’œuvre, mondialement connue, a reçu l’empreinte de ce grand aîné, Arthur Van Hecke, un Roubaisien dont nous avons évoqué le parcours dans « Les Gens et Pierres de Roubaix » (n° 2 de Septembre 2006), et André Missant, cet autre géant dont Roubaix fêtera le centenaire en octobre de cette année.

Maurice MAES avait la force d’un Courbet, il s’attaquait aux motifs les plus sauvages, aux ciels les plus tourmentés comme lui plein de vie et mouvement, traduisant par le dessin, les valeurs, la couleur, c’est à dire tout ce que la vie de la nature représentait de plus riche et de plus tonifiant.

Maurice MAES a voulu rester fidèle à la vérité des choses auxquelles il devait tout, il l’a fait en profitant des enrichissements de l’Art Moderne dans la liberté, dans la couleur, atteignant encore ainsi plus de vivacité dans la sensation.

« L’Art de Maurice MAES, c’est tout cela réuni avec une conviction dont il n’aurait jamais permis à personne de douter ».

« C’est par cette conviction que son œuvre nous touche et qu’elle nous est un exemple » (Claude Glaster et René Jacob – entretien)

Alain DELSALLE

Président de la Société des Artistes Roubaisiens

Janvier 2008

Albert de Jaeger

Albert de Jaeger est né à Roubaix le 28 octobre 1908. Fils d’un contremaître dans un tissage et d’une mère fileuse, il obtient son Certificat d’Etudes à l’Ecole Communale de la rue Pierre de Roubaix. Il entre alors comme apprenti sculpteur dans une usine de meubles de la ville tout en suivant une  formation à l’E.N.S.A.I.T. qui en fait un artiste aux dons diversifiés. Il dépose en effet divers brevets d’invention dans les domaines aussi divers que l’électronique, la fonderie, l’ameublement ou la construction. Pourtant, c’est à l’école des Beaux Arts de Tourcoing qu’il apprend la sculpture.

A 18 ans, il part à Paris pour suivre les cours de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs et reçoit le 1er prix de sculpture en 1933 et de l’école des Beaux Arts de Paris où il est l’élève de Despiau, tout en travaillant la nuit pour payer ses études.

Il expose à Paris au Salon des Artistes Français, au Salon d’Automne et au Salon des Artistes Indépendants. En 1935, il reçoit le Premier Grand Prix de Rome et part pour la villa Médicis à Rome où il reste trois ans.

Il revient en France juste avant la guerre et s’installe à Meudon où il continue son activité artistique. C’est là qu’il conçoit, en 1943, dans le plus grand secret, la première médaille du Général de Gaulle. Il est ensuite nommé en 1944 conseiller artistique du Général Koening (commandant en chef en Allemagne) et Secrétaire général du Conseil Supérieur d’architecture et d’urbanisme en zone française d’occupation en Allemagne de 1945 à 1950. Il dirige alors les ateliers d’art français de 1944 à 1949 pour promouvoir le rapprochement culturel entre les deux pays.

La production artistique d’Albert de Jaeger est très importante. Sculpteur, il réalise de nombreux monuments comme celui du Général de Gaulle à Meudon, de Charles Péguy, de Cujas… Il est l’auteur des Portes de l’Europe à Mayence (portes monumentales en bronze). Médailleur reconnu, beaucoup de ses médailles sont commémoratives : Le tricentenaire de la Compagnie de Saint Gobain, le septième centenaire de la mort de Saint Louis, le tricentenaire des Invalides, le bicentenaire des Ets de Wendel, le bicentenaire de la naissance de Napoléon 1er, mais aussi les médailles du président Kennedy, pour le corps Enseignant de Droit de Paris, de l’ENA, le mariage de la Princesse Margrethe de Danemark et du prince Henrik, pour le prince Rainier de Monaco, de l’impératrice Farah Pahlavi d’Iran, du premier ministre d’Iran A. Hoveyda, pour Edmond Michelet, l’amiral Cabanier, le Général de Boissieu, mais aussi de Youri Gagarine. Il exécute de véritables chefs d’oeuvre comme la médaille pour le Prix Galien en bronze doré à l’or pur, patinée et brunie à l’agate.

Il est officier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre National du Mérite, Officier des Arts et des Lettres. Il meurt à Paris dans le 14earrondissement le  mardi 19 mai 1992. Sa carrière internationale en fait un des plus grands artistes roubaisiens du 20e siècle.

Bibliographie

Bénézit

Archives de la Société d’Emulation de Roubaix

Archives Municipales de Roubaix

Roubaix, une ville née de l’industrie, Itinéraires du Patrimoine, P. 33

Archives municipales de Meudon

Victor Delannoy, fondateur de la Grande Harmonie

 

Victor Delannoy, Grand Prix de Rome, fondateur de la «Grande Harmonie», fut à l’origine du classement de l’école de musique en « Ecole Nationale ».

Un personnage qui, à son époque, a animé la vie de Roubaix, tel fut Victor Delannoy.

Né à Lille le 25 septembre 1828 son père, Jacques François, exerce le métier de luthier. On comprend ainsi comment, dès son plus jeune âge, il est imprégné de musique. C’est en 1836 qu’il entre au Conservatoire de Lille où il s’initie au solfège et dès 1838, il est reçu dans la classe de violon. Deux ans après, il obtient le premier prix de dictée musicale. En 1843, il est premier violon au théâtre de Lille, ce qui démontre sa précocité puisqu’il a à peine quinze ans.

«L’ouverture pour Musique Militaire», qu’il interprète à Paris en 1849, lui vaut un succès particulièrement mérité et il n’en reste pas là. Il poursuit donc avec opiniâtreté une carrière si bien débutée et pour son œuvre avec orchestre «Francesca Da Rimini», il reçoit le deuxième Grand Prix de Rome en 1854. C’est cette même année que lui est décernée la Grande Médaille d’Or pour ses compositions musicales. L’année suivante, il est nommé chef de musique des «Canonniers Lillois».

En 1857, il vient à Roubaix où la municipalité se l’attache comme Directeur des écoles de musique. Quand il entre en fonction, cette institution ne comprenait que quatre classes et un homme de grande valeur ne pouvait se contenter d’une école aussi peu importante. Dès lors, son souci fut de se consacrer entièrement à son développement et à sa transformation. Et grâce à l’appui de la municipalité, il obtient la création de nouvelles classes.

Le Grand Prix de Rome qu’il était professa durant plusieurs années le solfège. Il y attachait une grande importance et ne confiait à personne le soin d’enseigner les premiers principes musicaux qui font de bons virtuoses. Ses efforts furent récompensés par le recrutement des meilleurs éléments qui composaient la «Grande Harmonie» qu’il dirigea avec une autorité et une compétence unanimement appréciées.

Les débuts furent laborieux car peu de gens appréciaient les œuvres des grands maîtres. Il s’efforça donc de les faire mieux connaître en les faisant entendre par son auditoire et en les faisant interpréter par les meilleurs exécutants. C’est ainsi qu’il put améliorer les programmes par quelques grandes compositions.

La participation de la «Grande Harmonie» de Roubaix au Concours de Paris en 1878 fut la consécration de son talent et l’apogée de la renommée de cette société roubaisienne.

C’est en mai 1884 que M. le Ministre des Beaux-arts érigea l’école de musique au titre d’Ecole Nationale. Ainsi, le but de Victor Delannoy était donc atteint. Il avait élevé à sa véritable place l’art musical jusque-là méconnu du public.

Il emporte les premiers prix dans les célèbres tournois qui se déroulent tant à Paris qu’au Havre. Partout où elle se produit, on acclame la «Grande Harmonie» et le public lui réserve de chaleureuses ovations. C’est ainsi que fut porté le renom de Roubaix.

Déjà, le 28 août 1878 la Ville de Roubaix, par décision du Conseil Municipal, lui avait décerné la « Grande Médaille d’Or ».

Il est mort à Roubaix, le 26 octobre 1887.

par Les Veilleurs