n°31 novembre 2021-avril 2022

n°31

Éditorial par Gilles Maury p 5

Bilan du 7e concours-photos par le comité d’organisation p 6

Chapelles&Co fête ses 10 ans par Evelyne Gronier-Renaut p 10

Tela Tchaï, la vamp des grands chemins par Germain Hirselj p 15

Objets et curiosités racontent Roubaix autrement

par les membres de la SER p 25

Une escouade dans la tourmente par Pierre Ketels p 40

Les Leman, métallurgistes et pilotes par Bernard et Pierre Leman p 44

Logement social : financements privés et publics par Philippe Waret p 52

Nouvelle bibliographie roubaisienne par Pierre Leman p 57

Du côté des orgues par Evelyne Gronier-Renaut p 58

Dodeigne, une rétrospective, un livre par la Rédaction p 61

n° 16 Mars-Août 2014

n°16

Éditorial par Bernard Schaeffer et Gilles Maury p5

Parutions & actualités

Signet Roubaix, L’infatigable Philippe Waret,

Aux ANMT : le travail, c’est tout un monde, Découvrir les éditions Au Paravent

par Josiane Deroubaix, Gilles Maury, Evelyne Gronier-Renaut p6 à 10

Histoire industrielle et commerciale

Damart … 60 ans, et alors ? par Evelyne Gronier-Renaut p12

Dossier

Le Prix de l’émulation 2013 Les Lauréats

par Michel David, Josiane Deroubaix, Evelyne Gronier-Renaut, Fatima Jibidar, Gilles Maury,

Laurence Mourette p 24

Portrait

From Roubaix to Boston, Yvonne Furneaux par Isabelle Baudelet p 34

Histoire

Fait tragique à l’église Saint-Michel par Xavier Lepoutre p 42

Bouvy, encore …/une pièce manquante par Gilles Maury, Isabelle Baudelet p 44

Théodore Botrel à Roubaix par Philippe Waret p 48

Abonnement, adhésions, anciens numéros p 49

n°13 Novembre 2012- Mars 2013

n°13

Éditorial par Bernard Schaeffer et Gilles Maury p.5

Parutions par Josiane Deroubaix et Gilles Maury p.6

Peinture

Marc Ronet, la quête de l’inaccessible toile par Germain Hirsjel p.8

Dossier

Viviane Romance, une star née à Roubaix par Isabelle Baudelet et Evelyne Gronier-Renaut p.16

Arts décoratifs

Vitraux Art nouveau – Art déco par Maylis Jeanson et Evelyne Gronier-Renaut p.26

Histoire

Vingt ans après, l’installation du nouveau Conseil Municipal par Philippe Waret p.36

A la découverte de l’église Saint-Michel par Xavier Lepoutre p.38

Ray Charles au Casino par Philippe Waret p.46

Abonnement, adhésion, anciens numéros p .49

Le cinéma à Roubaix

L’aventure du cinéma commence à Roubaix en avril 1896…

On sait que la première projection du cinématographe Lumière eut lieu à Lille dans une salle de la rue Esquermoise le 14 avril 1896. Le Journal de Roubaix annonce qu’il sera à Roubaix le 27 Avril 1896 dans la grande arrière salle d’un estaminet du 10 de la rue Neuve, qu’occupe la société de gymnastique l’Ancienne.

Même si c’est Edison qui est crédité dans l’article, il s’agit bien du cinématographe Lumière pour les raisons suivantes : tout d’abord le kinétoscope est un appareil de projection qui ne peut être utilisé que par un spectateur à la fois, moyennant une pièce, dans l’esprit des machines à sous. Ce sont bien les frères Lumière qui vont développer le spectacle de projection de groupe.

D’autre part, il semble, d’après les titres annoncés au programme de la projection et présentés dans l’article de notre journaliste qu’on soit bien en présence des films Lumière : l’Arrêt d’un train, la Descente des Voyageurs, qui correspondent aux films tournés et présentés en 1895 par les deux inventeurs, de même que l’Entrée dans un port, filmé à Boulogne sur mer.

D’autres films complètent le programme, parmi lesquels, une scène d’opéra ou de comédie, un corps de ballet avec les danses les plus compliquées, un forgeron qui bat le fer sur son enclume. Plus locaux sont les films sur les jeux de bourles, combats de coqs ou les prises de vues de Roubaix : la grand’place et la rue de la gare au moment où il y a le plus d’animation.

Il est sans doute de l’intérêt des fabricants de cinématographes de vendre leur appareil, d’où la tentative de familiarisation avec l’utilisation voisine de la photographie. Une fois passée la surprise de la découverte du mouvement, avec des thèmes frappants comme le train, le bateau, symboles du mouvement et du voyage, c’est la vie de tous les jours qui devient l’attraction. Plus que la photographie et ses réalisations figées dans le temps et l’espace, le cinématographe ouvre l’espace du mouvement.

Un article du 3 août 1896 nous indique que le cinématographe n’est pas encore entré dans les mœurs. Sous le titre Kinématographe, curieux mélange de kinétoscope et cinématographe, le journaliste fait un historique, en évoquant la chronophotographie du Douaisien Marey, puis en donnant des explications très scientifiques du matériel, des matières utilisées, allant jusqu’à expliquer le phénomène rétinien à l’origine de l’illusion du mouvement.

On apprend également par cet article que de grandes affiches aux couleurs très voyantes ont attiré les regards des premiers spectateurs. Il s’agissait donc bien d’un spectacle de groupe -on a affiché comme pour le théâtre- et non plus une curiosité uniquement scientifique et individuelle…

 

Philippe WARET

On lira avec bonheur l’ouvrage « Les cinémas de Roubaix », d’Alain Chopin et Philippe Waret

paru aux Éditions Sutton en avril 2005

35 ans de cinéma

Paul Maes est né à Roubaix le 3 avril 1930. Après des études à l’Institution Notre-Dame des Victoires, il obtient une licence de Lettres à la Faculté. Il se destine alors au journalisme mais passionné par le cinéma il bifurque vers ce domaine. Il rédige des publicités cinématographiques et anime un ciné-club rue de l’Alma. En 1955, à l’âge de 25 ans, il devient l’adjoint de M. Geldhof qui vient de reprendre le Casino ainsi que le plus important circuit du Nord Pas-de-Calais avec 43 salles. Paul Maes est chargé de la programmation de ce circuit.

A cette époque la ville de Roubaix ne compte pas moins de 15 salles de cinéma : Le Colisée, le Casino, un circuit dit « de seconde exclusivité » : le Cinéma Noël rue Jouffroy, le Royal rue de l’Alma, le Radio Ciné rue du Général Sarrail, un troisième circuit dit « des loisirs familiaux » qui compte plusieurs salles sur Tourcoing et le Rex Place Chaptal, enfin à ces salles s’ajoutent dans les quartiers : l’Alcazar rue de Tourcoing, le Familia rue David d’Angers, le Roxy rue Decrême, l’Universel rue des Longues Haies, le Royal Lacroix rue Lacroix, le Tramway boulevard de Strasbourg, l’Etoile d’Or rue de l’Epeule, le Renaissance rue Pierre de Roubaix, le Fresnoy.

Toutes ces salles connurent leur heure de gloire pendant les années de guerre où le cinéma était la seule et unique distraction des Roubaisiens mais concurrencées par la télévision un certain nombre d’entre elles commencèrent à fermer dès les années soixante. Une des premières à fermer est le Radio Ciné, victime d’un incendie, cette salle avait ouvert en 1938 avec la projection de Blanche Neige et les sept nains.

En 1951, le Colisée transforme sa salle qui devient une des plus belles salles de France, elle compte 2250 places. Celle du Casino compte 1800 places Il va sans dire que le Colisée et le Casino se livrent une concurrence effrénée. En plus des films, les deux salles accueillent des tournées de music-hall, des vedettes de la chanson, des tournées théâtrales. Claude François, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, Henri Salvador… se produisent sur la scène du Casino. En 1972, la salle accueille Les Compagnons de la Chanson. Pour tous ces spectacles, les places sont louées en une demi-journée. La seule vedette à ne pas se produire au Casino est Gilbert Bécaud ami personnel de M. Deconninck et qui réserve ses passages au Colisée.

Mais le fait le plus marquant sont les adieux à la scène de Jacques Brel en mai 1967 (toutes les places sont louées en une demie heure de la France entière).

Sur le plan théâtral, en 1960, André Reybaz y présente le Centre dramatique du Nord. Le Casino organise aussi des spectacles pour les personnes âgées, des arbres de Noël pour les entreprises : Caulliez Delaoutre, EDF … Enfin, une revue sur glace « Paris sur glace » est présentée, une partie des sièges étant démontés pour accueillir la piste. Mais l’activité principale reste la programmation des films.

« Dans les années soixante, raconte Paul Maes, la séance de 17 heures 30 du dimanche était complète. Il y avait des abonnés, on louait des places numérotées. L’ambiance était conviviale, les gens arrivaient une demi-heure avant et bavardaient ensemble. Avant le film, on passait les actualités cinématographiques, puis l’entracte durait vingt minutes. La séance se terminait vers 20 heures 15, les gens rentraient alors chez eux, le cinéma était une fête ». 

Pour assurer la programmation des différentes salles du circuit, Paul Maes se rend chaque semaine auprès des agences de distribution de Lille, celles ci sont au nombre de 26 en 1955. Mais elles ferment progressivement et Paul Maes est obligé alors de se rendre à Paris chaque semaine pendant 2 ou 3 jours.

En 1972, le Casino ouvre une petite salle de 250 places : « le Club » tandis que le Colisée ouvre les Colisée 1 et 2 à Roubaix 2000. Cette même année Paul Maes succède en tant que directeur à M. Geldof qui vient de décéder. M. Desrousseaux, neveu de M. Deconninck, devient son adjoint. 

En 1978 se crée un groupement d’intérêt entre le Colisée et le Casino pour lutter contre Lille. C’est l’époque des multiplex : sept petites salles sont ouvertes à la place de la grande salle. Ce complexe prend le nom de Club 7. La fréquentation reste importante jusque dans les années 1980, elle commence à fléchir en 1985 et s’effondre en 1987.  En même temps ferment les dernières salles de quartier. Tout le circuit est alors vendu à un groupe parisien. Paul Maes continue à s’occuper de cinéma sur Paris puis prend officiellement sa retraite en 1990. Le Club 7, sous le nom des Arcades, continue à fonctionner pendant quelques années puis ferme ses portes. En 1999, la Communauté urbaine rachète les bâtiments.

Désormais M. Maes est en retraite à Roubaix avec son épouse. Ses enfants ne travaillent pas dans le cinéma et ont quitté la région. Si vous le croisez au Parc de Barbieux où il se promène régulièrement, n’hésitez pas à le saluer, cela lui fera plaisir. Comme il dit :  » Moi, je ne reconnais pas les gens, ils étaient si nombreux à venir au Casino. Mais eux me reconnaissent et m’interpellent : vous ne seriez pas M. Maes l’ancien directeur du Casino ? ».