Jean-Baptiste Henri Reboux, lithographe

JEAN BAPTISTE HENRI JOSEPH REBOUX

DEUXIEME DU NOM

LITHOGRAPHE A ROUBAIX

L’art de la lithographie, c’est la reproduction par impression d’un dessin, d’un texte écrit ou tracé sur une pierre calcaire de grain très fin. Préparé avec un crayon gras, le dessin est fixé avec une préparation de gomme acidulée. La pierre était mouillée avant chaque tirage ; lors de l’encrage au rouleau, le dessin retenait l’encre grasse par affinité, tandis que les parties non dessinées refusaient l’encre. L’impression se faisait au moyen d’une presse à râteau sur papier humide.

Jean Baptiste Henri Joseph Reboux, premier du nom, s’éteint le 27 juin 1843 à Lille, et Jean (le Baptiste est très vite abandonné, sans doute pour éviter la confusion avec son père) s’associera un temps pour reprendre l’affaire paternelle avec son frère Edouard, lequel fondera en 1848 avec les frères Bernard (Kolb et Henri) le journal La Liberté, qui deviendra La Vérité, puis le Mémorial de Lille.

Mais c’est à Roubaix que Jean Reboux a son avenir. D’abord installé rue St Georges, il reprend ensuite au n°7 rue du vieil abreuvoir, la succession du libraire Burlinchon, qui possédait une belle clientèle commerciale.* Puis en 1846, Jean Reboux obtient le brevet de son beau frère Charles Hennion, démissionnaire. Le voici donc imprimeur lithographe et libraire… Cela fait de lui le second imprimeur de Roubaix, après Madame Veuve Béghin.

 

Jean Reboux, passeur d’hommes

Le coup d’état du 2 décembre 1851 amène le rétablissement de l’Empire, ce qui entraîne l’exil d’un grand nombre des membres des comités républicains, parmi lesquels Victor Hugo. Toutes les stations frontières sont étroitement surveillées par la police qui dispose de nombreux signalements et exige des passeports. On sait à Paris les opinions indépendantes de la famille Reboux et il est fait appel au dévouement du fils des vieux légitimistes lillois.

Il est alors convenu que les citoyens à qui on veut faire gagner la Belgique, viendront de Paris à Douai par le chemin de fer, qu’ils iront jusqu’à Roubaix à pied, et que munis d’une feuille portant un signe convenu, ils se présenteront chez Monsieur Jean Reboux, qui les guidera jusqu’au delà de la frontière. A la fin de décembre 1851, et pendant les premiers mois de 1852, presque chaque soir, des suspects se présenteront munis du signe convenu, et le royaliste quittait sa maison, ses affaires, et risquait sa liberté et son avenir pour sauver de Cayenne ou de Lambessa ces républicains, ces socialistes qui sont reçus et hébergés à Mouscron, chez sa mère, Madame Veuve Reboux Leroy, chez la femme de celui dont les « libéraux » en 1832 ont pillé la maison et exilé le fils, et de là gagnent Bruxelles et l’Angleterre. La police impériale finit par se douter de quelque chose. Jean Reboux est surveillé de près et pendant toute la durée du régime, il est lui aussi un suspect. ***

Jean Reboux, le journaliste

La profession d’imprimeur est très surveillée, à tel point qu’à l’obtention de leur brevet, ils devaient prêter serment. C’est dans ce climat que pendant dix ans, Jean Reboux sollicitera l’autorisation de publier un journal d’expression politique. Après un refus suite à sa demande du 20 juillet 1854, il est autorisé en Mars 1856 à faire paraître une feuille littéraire et d’annonces, Le Journal de Roubaix. C’est donc au n°20 de la rue Neuve **** que vint au monde ce journal, qui n’était à l’époque qu’une feuille modeste imprimée très claire paraissant deux fois la semaine, le mercredi et le samedi. Il avait un tirage de trois cents exemplaires et l’abonnement annuel coûtait 25 francs, y compris le timbre de 0,03 centimes dont chaque journal était taxé par l’Etat.

Le contenu reflète la prudence de son propriétaire : le journal contient une partie officielle, avec les nominations dans la magistrature, ou aux diverses fonctions de l’Etat ; il y a une chronique locale assez sommaire et non typiquement roubaisienne, un feuilleton, la correspondance particulière constituée d’échanges d’informations très administratives. On peut y trouver également des faits divers d’un peu partout, extraits d’autres journaux (Courrier de l’Isère, Messager du Midi, Pilote du Calvados, Moniteur Algérien…), des petites annonces et de la publicité.

Ce n’est qu’en 1861 que Jean Reboux obtient l’autorisation de publier un journal d’expression politique, grâce à d’anciennes amitiés de son frère Charles, dont le Ministre de l’Intérieur, Monsieur de Persigny. Le cautionnement s’élevait à 7500 francs qui seront versés le 29 février 1863. Jean Reboux restera cependant indépendant durant toute la période impériale. Grand ami de Monsieur Delfosse-Motte alors Président de la Chambre de Commerce de Roubaix, il sera avec lui un grand défenseur de la fabrique roubaisienne. Profondément attaché à la foi catholique, il se dévoua lors de l’épidémie de choléra de 1866.  Il prend sa retraite en 1872 et se retire à Mons en Baroeul où il décèdera en juillet 1894.

 

* Gaspard Burlinchon, originaire de Rochetaille (Loire) a obtenu son brevet d’imprimeur lithographe le 25 juillet 1841, et celui de libraire le 12 février 184

** Hippolyte Béghin publie à partir de 1829 la Feuille de Roubaix, affiches, annonces et avis divers. Ce pharmacien avait sollicité un brevet de libraire, qu’il obtiendra par sa femme née Hyacinthe Deffrenne.

*** D’après le journal de Roubaix du 13 juillet 1894.

**** Numérotation de l’époque. Les n°17 et 19 seront évoqués un peu plus tard, sans doute à l’occasion d’un changement de numérotation de la rue…

Jean-Baptiste Reboux-Leroy, journaliste d’opposition

Né à Lille le 1er février 1780, Jean Baptiste Reboux Leroy était marchand sur la place de Lille avant d’entrer dans le monde du journalisme. En 1819, l’adoption des trois lois de Serre sur la presse montre la volonté du régime de Louis XVIII de libéraliser la société. La censure et l’autorisation préalable sont supprimées et cette mesure permet la multiplication des journaux d’opinion. En 1820, Reboux Leroy devient propriétaire du Journal du Département du Nord fondé par l’imprimeur Marlier le 28 décembre 1811. « Son journal servit avec indépendance le gouvernement de la Restauration, mais il fut de ceux qui déplorèrent la politique des ordonnances ». (1)

Les tentatives de libéralisme ont bientôt laissé la place aux ultras et aux absolutistes, en la personne de Charles X qui succède en 1824 à son défunt frère Louis XVIII. Parmi les quatre ordonnances du 25 juillet 1830 qu’évoque la citation, et qui conduiront à l’insurrection des Trois Glorieuses, la première suspendait la liberté de la presse et rétablissait censure et autorisation préalable.

Après 1830, le Journal du Département du Nord devient la Boussole et reste légitimiste, malgré l’arrivée au pouvoir de Louis Philippe. Après avoir vu ses locaux pillés et incendiés lors des émeutes de 1832, le journal subira les poursuites des tribunaux de Louis Philippe, occupés à réprimer le mouvement légitimiste. A cette époque, Charles Reboux, fils de Reboux Leroy, est le rédacteur en chef de la Boussole, et il doit s’exiler en Belgique pour éviter la prison. Il se réfugie à Bruxelles et ne rentrera en France qu’à la fin du règne de Louis Philippe.

Reboux Leroy suspend alors la publication de son journal, et engage Jean Baptiste, son plus jeune fils, à s’adonner à l’art de la lithographie, dont le développement commençait en France. Ce dernier à peine âgé de seize ans, se perfectionnera donc dans l’art lithographique en Belgique, en Hollande, et en Allemagne, et deviendra un graveur et un dessinateur de talent. Il vient s’installer en 1835 à Roubaix où l’un de ses beaux frères, Charles Hennion (2), a ouvert le premier atelier de lithographie de la ville. Lui même, alors clerc de notaire, sollicite un brevet d’imprimeur lithographe le 5 mai 1835.

(1)   d’après le Journal de Roubaix le 13 juillet 1894

(2)   Charles Hennion est l’époux de Mathilde Henriette Marie Reboux, fille de Jean Baptiste Henri Joseph Reboux imprimeur libraire à Lille. Marchand papetier, il a obtenu son brevet d’imprimeur lithographe le 18 août 1836.

la famille Reboux

 

La famille Reboux participe de la légende de Roubaix…Ils ont été les acteurs et les observateurs privilégiés de la vie roubaisienne pendant près d’un siècle, à une époque où Roubaix vivait son apogée. Rien n’échappe à leurs témoignages : aspects culturels, économiques, industriels, politiques et sociaux sont l’objet de leur attention. Ils nous ont ainsi légué une encyclopédie vivante de Roubaix : le Journal de Roubaix.

Initialement imprimeurs, libraires et lithographes, les Reboux vont s’adonner au journalisme, car il s’agit d’une relation passionnelle à ce métier en pleine mutation pendant le XIXe siècle. Les petites feuilles d’annonces, les moniteurs d’autrefois vont devenir des quotidiens d’information s’adressant à un plus grand nombre de lecteurs. La famille Reboux participe à cette transformation de la presse, et contribue à lui donner au delà de notre ville ses lettres de noblesse.

A ce titre, et parce qu’ils nous permettent encore de nous replonger dans la mémoire de Roubaix, ils sont dignes d’entrer dans la légende roubaisienne, aux côtés d’autres figures roubaisiennes comme Henri Carrette, Emile Moreau, Alfred et Eugène Motte…

Nous ne saurions terminer sans lancer à nouveau un appel à la préservation du patrimoine journalistique (quotidiens, hebdomadaires, suppléments de toute époque) dont Bernard Grelle, Directeur de la Médiathèque de Roubaix, fut l’initiateur. Puisse cet article contribuer à la réalisation d’un tel objectif.

1 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Marchand, imprimeur, rédacteur, directeur de journal

° Lille ½/1780

+Lille 27/6/1843

x Charlotte Aimée Marie LEROY

dite rentière en 1844

**************************************************************

11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

Journaliste
13 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Imprimeur, lithographe, libraire, Directeur fondateur du Journal de Roubaix

°Lille 18/12/1816

+Mons en Baroeul

x Lille 1/7/1844
Coélina Virginie CARREZ

°St Guislain (B) 4/7/1827

+Roubaix 14/3/1851

x²Lucie Delphine Joseph DEMARCQ

°Roubaix 28/9/1813

+Roubaix 20/6/1904

**************************************************************

131 Caroline REBOUX

Modiste

x

Ernest AMILLET

Négociant
132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

°Lille 13/3/1848 +Roubaix 10/4/1908

xRoubaix 8/1/1872
aZoélie Marie Julie BONNAVE

°Roubaix 3/6/1849 +Roubaix 21/7/1889

x²Roubaix 16/10/1890
bAnne Marie HOTTIAUX

Professeur de français, conférencière et journaliste

°Mesnil St Martin (B) 13/2/1861 +Roubaix21/12/1934

**************************************************************

1311 Paul AMILLET  dit REBOUX

Ecrivain, journaliste, historien, critique

Commandeur de la Légion d’Honneur

°Paris 21/5/1877

+Nice 1963

**************************************************************

132a1 Ne…(P.S.V.)

°+Roubaix 13/11/1872

132a2 Marie Thérèse Célina Zoélie Elisa REBOUX

°Roubaix 29/1/1873

+Marcq en Baroeul 31/7/1948

xRoubaix 20/4/1895

DELEBAERE Anthime Louis François

132a3 Célina Rosalie Julie REBOUX

°Roubaix 15/12/1874

+Grasse 5/8/1950

132a4 Alfred Victor Jean Bénoni REBOUX

Journaliste, publiciste

°Roubaix 11/5/1877

+1922 de maladie

xRoubaix 21/10/1901

Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

132a5 Paul Victor Marie Joseph REBOUX

°Roubaix 25/8/1878

+Lille 31/3/1923

xLille 2/5/1903

Laure Marie Louise Joseph PECQUEUR

132a6 Jeanne Louise REBOUX

°Roubaix 25/8/1879

+Lille 11/11/1956

xRoubaix 10/11/1903

Paul Charles Eugène DRILLON

Avocat

132a7 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 2/6/1881

132a8 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 1/1/1883

132a9 Pierre Lucien Jean Albert REBOUX

°Roubaix 22/6/1885

+mort pour la France

132b1 Anne Marie Célina Louise REBOUX

°Roubaix 18/11/1897 +Roubaix 18/9/1916

132b2 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Journaliste

°Roubaix 21/5/1901

+Tunis 3/1/1928

1 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Marchand, imprimeur, rédacteur, directeur de journal

° Lille ½/1780

+Lille 27/6/1843

x Charlotte Aimée Marie LEROY

dite rentière en 1844

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11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

Journaliste
13 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Imprimeur, lithographe, libraire, Directeur fondateur du Journal de Roubaix

°Lille 18/12/1816

+Mons en Baroeul

x Lille 1/7/1844
Coélina Virginie CARREZ

°St Guislain (B) 4/7/1827

+Roubaix 14/3/1851

x²Lucie Delphine Joseph DEMARCQ

°Roubaix 28/9/1813

+Roubaix 20/6/1904

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131 Caroline REBOUX

Modiste

x

Ernest AMILLET

Négociant
132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

°Lille 13/3/1848 +Roubaix 10/4/1908

xRoubaix 8/1/1872
aZoélie Marie Julie BONNAVE

°Roubaix 3/6/1849 +Roubaix 21/7/1889

x²Roubaix 16/10/1890
bAnne Marie HOTTIAUX

Professeur de français, conférencière et journaliste

°Mesnil St Martin (B) 13/2/1861 +Roubaix21/12/1934

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1311 Paul AMILLET  dit REBOUX

Ecrivain, journaliste, historien, critique

Commandeur de la Légion d’Honneur

°Paris 21/5/1877

+Nice 1963

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132a1 Ne…(P.S.V.)

°+Roubaix 13/11/1872

132a2 Marie Thérèse Célina Zoélie Elisa REBOUX

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+Marcq en Baroeul 31/7/1948

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DELEBAERE Anthime Louis François

132a3 Célina Rosalie Julie REBOUX

°Roubaix 15/12/1874

+Grasse 5/8/1950

132a4 Alfred Victor Jean Bénoni REBOUX

Journaliste, publiciste

°Roubaix 11/5/1877

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Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

132a5 Paul Victor Marie Joseph REBOUX

°Roubaix 25/8/1878

+Lille 31/3/1923

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xRoubaix 10/11/1903

Paul Charles Eugène DRILLON

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132a8 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 1/1/1883

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+mort pour la France

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°Roubaix 18/11/1897 +Roubaix 18/9/1916

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Journaliste

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Marchand, imprimeur, rédacteur, directeur de journal

° Lille ½/1780

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x Charlotte Aimée Marie LEROY

dite rentière en 1844

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11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

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132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

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DELEBAERE Anthime Louis François

132a3 Célina Rosalie Julie REBOUX

°Roubaix 15/12/1874

+Grasse 5/8/1950

132a4 Alfred Victor Jean Bénoni REBOUX

Journaliste, publiciste

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+1922 de maladie

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Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

132a5 Paul Victor Marie Joseph REBOUX

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+Lille 31/3/1923

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Paul Charles Eugène DRILLON

Avocat

132a7 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 2/6/1881

132a8 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 1/1/1883

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°Roubaix 22/6/1885

+mort pour la France

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132b2 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Journaliste

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° Lille ½/1780

+Lille 27/6/1843

x Charlotte Aimée Marie LEROY

dite rentière en 1844

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11 Charles REBOUX

Journaliste

12 Edouard REBOUX

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13 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Imprimeur, lithographe, libraire, Directeur fondateur du Journal de Roubaix

°Lille 18/12/1816

+Mons en Baroeul

x Lille 1/7/1844
Coélina Virginie CARREZ

°St Guislain (B) 4/7/1827

+Roubaix 14/3/1851

x²Lucie Delphine Joseph DEMARCQ

°Roubaix 28/9/1813

+Roubaix 20/6/1904

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131 Caroline REBOUX

Modiste

x

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Négociant
132 Alfred Edouard Jean REBOUX

Journaliste, chevalier de l’Ordre de St Grégoire le Grand

°Lille 13/3/1848 +Roubaix 10/4/1908

xRoubaix 8/1/1872
aZoélie Marie Julie BONNAVE

°Roubaix 3/6/1849 +Roubaix 21/7/1889

x²Roubaix 16/10/1890
bAnne Marie HOTTIAUX

Professeur de français, conférencière et journaliste

°Mesnil St Martin (B) 13/2/1861 +Roubaix21/12/1934

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1311 Paul AMILLET  dit REBOUX

Ecrivain, journaliste, historien, critique

Commandeur de la Légion d’Honneur

°Paris 21/5/1877

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132a1 Ne…(P.S.V.)

°+Roubaix 13/11/1872

132a2 Marie Thérèse Célina Zoélie Elisa REBOUX

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DELEBAERE Anthime Louis François

132a3 Célina Rosalie Julie REBOUX

°Roubaix 15/12/1874

+Grasse 5/8/1950

132a4 Alfred Victor Jean Bénoni REBOUX

Journaliste, publiciste

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+1922 de maladie

xRoubaix 21/10/1901

Marie Sophie Proserpine Adèle DE GANDT

132a5 Paul Victor Marie Joseph REBOUX

°Roubaix 25/8/1878

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Laure Marie Louise Joseph PECQUEUR

132a6 Jeanne Louise REBOUX

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Paul Charles Eugène DRILLON

Avocat

132a7 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 2/6/1881

132a8 Ne…(P.S.V.) °+Roubaix 1/1/1883

132a9 Pierre Lucien Jean Albert REBOUX

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132b2 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Journaliste

°Roubaix 21/5/1901

+Tunis 3/1/1928

v

1 Jean Baptiste Henri Joseph REBOUX

Alfred Reboux et le Journal de Roubaix

LE SUCCESSEUR

Alfred Reboux est né à Lille le 13 Mars 1848, et son destin est très vite lié à celui du Journal de Roubaix. L’anecdote veut qu’il ait été associé très jeune au lancement du Journal à sa création, le 18 juin 1856 [1]: le premier journal fut tiré par Alfred Reboux, alors qu’il n’avait que huit ans. Lorsque tout fut prêt, au moment décisif, on amena l’enfant à l’atelier, un ouvrier le prit dans ses bras, et lui fit tirer le levier, après quoi, il retira lui même la feuille imprimée et la remit à son père.

Le Journal de Roubaix a multiplié ses éditions et paraît désormais quotidiennement depuis 1869. Les bureaux et le matériel ont été transportés au n°1 de la rue Nain. Alfred Reboux écrit son premier article dans le Journal de Roubaix à l’âge de 18 ans. Lorsqu’il succède à son père, il a 24 ans et c’est lui qui va progressivement transformer la modeste imprimerie paternelle, en une entreprise industrielle.

Alfred Reboux, patron de presse

Alfred Reboux fonde à Lille le journal La Dépêche (1879) et  le Nouvelliste du Nord Pas de Calais (1882). Il fusionne dans ces journaux l’ancien Mémorial de Lille, et l’ancien Propagateur, dont il s’était rendu propriétaire. Puis ces journaux passeront à une société lilloise en 1886. Il est propriétaire directeur du Journal de Roubaix, mais également du Courrier de Tourcoing et de la Gazette d’Armentières. Sa seconde femme qui lui succédera évoque ses projets et ses réalisations dans une conférence [2]: il avait rêvé de doter notre région d’organes destinés à défendre les idées de liberté et d’égalité qui étaient les siennes.(…) C’est chez lui que s’initient des fondateurs de journaux comme l’abbé Trochu, directeur de l’Ouest Eclair. Il conçoit une vaste Agence de Presse réalisée après lui…

La profession lui rendra hommage en faisant de lui le Président d’Honneur de l’Association professionnelle des journalistes du Nord, lors de la création de cet organisme. Alfred Reboux a donc passé la vitesse supérieure : le publiciste se fait journaliste, voire reporter. Le directeur de journal devient un patron de presse.

Esprit pratique et éclairé, il avait compris l’importance de la grande presse populaire à bon marché, et le premier en France, il fit paraître son journal à six et à huit pages, ne reculant pour lui devant aucun sacrifice [3].

Le formidable développement du Journal de Roubaix s’appuie sur des éléments bien précis : la modernisation de ses équipements, un grand réseau de distribution, une bonne agence de presse, une conception forte des devoirs du journaliste, et une forte imprégnation de la vie publique et politique. A ce dernier point, Alfred Reboux consacra huit ans de sa vie.

Alfred Reboux en politique

La politique l’accapare bientôt : il se présente comme catholique, libéral et démocrate. Il est candidat au Conseil d’Arrondissement en 1880, et il échoue de peu. A l’occasion des élections complémentaires des 16 et 23 Avril 1882, il est élu avec un frère des Ecoles Chrétiennes, et il entre au Conseil Municipal sous la mandature de Léon Allart. La majorité est aux républicains radicaux, et l’heure est aux grandes lois laïques. Ses joutes oratoires avec Emile Moreau resteront célèbres et dépasseront largement cette époque. L’hommage d’Alfred Reboux à son vieil adversaire en 1889 montre assez le caractère du directeur du Journal de Roubaix :

« Si les partis politiques avaient le sentiment de la reconnaissance, il y a dix ans que Monsieur Emile Moreau serait député de Roubaix ».

En 1884, il est réélu, cette fois-ci dans un Conseil Municipal majoritairement conservateur, sous la mandature de Julien Lagache. Il est omniprésent et participe à un grand nombre de commissions, sans toutefois cesser de s’occuper de son journal, pour lequel il est au cœur des débats, et par lequel il influe parfois sur ces mêmes débats. Le journaliste n’a pas longtemps hésité à utiliser les informations de première main que lui fournissait l’homme politique. Les élections générales des 6 et 13 mai 1888 voient la fin de sa carrière politique, mais il poursuit le débat en se consacrant désormais à la direction de son journal.

[1] Anecdote rapportée par l’Echo du Nord cité par le Journal de Roubaix du 13 Avril 1908.

[2] Conférence donnée par Madame Reboux Hottiaux à l’école de journalisme de l’Université Catholique en mars 1930

[3] Extrait de l’éditorial de la Rédaction du Journal de Roubaix du 12 avril 1908.

Charles Gounod à Roubaix

A cette époque, les compositions de Charles Gounod font la joie des amateurs de musique. Il connaît le succès avec « Faust », « Mireille » ou « Roméo et Juliette » que tout le monde fredonne. Sa visite annoncée à Roubaix met donc en effervescence les très nombreuses harmonies, chorales, fanfares et orphéons de la ville qui se lancent avec zèle dans la préparation de manifestations artistiques importantes.
 
Le 31 mai 1890 a donc lieu la répétition générale du grand concert exclusivement consacré aux œuvres du Maître, prévu pour le lendemain. Devant plus de 200 personnes, réunies dans l’Hippodrome du boulevard Gambetta, Charles Gounod reçoit de chaleureuses ovations.
 
Le lendemain, dimanche 1er juin, à 11 heures ½, des fanfares, des harmonies et des Sociétés de chant arrivent en grand nombre et se massent devant l’Hippodrome. A midi précise, aux accents d’un pas redoublé et bannières au vent, le long cortège des Sociétés, empruntant le boulevard Gambetta et la Grande Rue « dans un ordre parfait », débouche place de la Mairie.
 
C’est l’Union des Trompettes qui se trouve en tête. Viennent ensuite les sociétés suivantes : L’Abeille, La Cigale, La Solidarité, L’Union des Chasseurs, L’Aurore, L’Espérance, L’Union Lyrique, La Fanfare de Beaurepaire, Le Choral Nadaud, La Coecila, La Fanfare Delattre, Les Mélomanes, L’Avenir, La Concordia, L’Union des Travailleurs, L’Alliance Chorale, La Grande Fanfare, La Lyre Roubaisienne et La Grande Harmonie.
 
Deux magnifiques couronnes en fleurs artificielles recouvertes chacune d’une branche de laurier et ornées d’un large ruban tricolore avec dédicaces en lettres d’or, sont portées dans le milieu du cortège. L’une d’elle est offerte par la Société Artistique et Littéraire de Roubaix-Tourcoing, l’autre par l’ensemble des Sociétés Musicales Roubaisiennes. Pour chacune d’elle, deux hommes suffisent à peine à les porter.
 
Il est midi cinq lorsque Charles Gounod arrive à l’Hôtel de ville accompagné de Julien Koszul qui a été le chercher en voiture à l’hôtel Ferraille où il loge. Ils sont accueillis par Julien Lagache, le Maire de Roubaix, entouré de ses adjoints. Lorsqu’il apparaît au balcon, il est aussitôt salué par les acclamations de la foule évaluée à 6.000 personnes. Les sociétés chorales défilent devant le Maître et viennent se grouper autour de la Grande Harmonie. Ils entonnent tous ensemble, sous l’habile direction de Julien Koszul, le fameux « Chœur des Soldats » de Faust. « L’enthousiasme est alors à son comble ! » relate le Journal de Roubaix. « Cette grande œuvre est exécutée avec une maestria remarquable et produit un effet grandiose. Le spectacle est émouvant, et ceux qui y ont assisté ne l’oublieront jamais ».
 
Ensuite, dans les salons de la mairie où lui sont présentés les présidents et les chefs des Sociétés musicales, Charles Gounod écoute Julien Koszul « très ému », lui rendre un vibrant hommage : « Vous êtes non seulement grand, mais bon, ce qui est meilleur… » Le Maître répond par une brève allocution : « Je ne veux ni abuser de votre temps ni fatiguer vos oreilles et ma voix (car à mon âge elle commence à faiblir) en prononçant un long discours. Laissez-moi vous dire seulement que je suis profondément touché de la belle manifestation dont je viens d’être l’objet…, tout à l’heure, l’ « Union des Travailleurs » a, par sa belle devise, attiré particulièrement mon attention. C’est que ce mot, en effet, signifie tout. C’est par le travail que les plus grosses difficultés s’aplanissent, que toutes les situations s’égalisent. Je suis un vieux travailleur, moi qui vais bientôt avoir 72 ans. J’avais 12 ans lorsque j’ai commencé à travailler, et je vous avoue que j’ai eu parfois des jours pénibles et difficiles à traverser. Mais aujourd’hui la manifestation grandiose à laquelle vous m’associez me fait oublier les mauvais jours et toutes les blessures que j’ai reçues. En présence d’une fête aussi belle, ma carrière reverdit… »
 
Dehors, les sociétés musicales se font entendre de nouveau. Après une Marseillaise bien enlevée, la fanfare Delattre exécute une marche Espagnole. De nouveau Charles Gounod se montre au balcon et de nouveau il est ovationné. Puis la foule chante le « Vivat Flamand ». Au nom de tous les Roubaisiens, Lucien Lagache réitère ses remerciements au visiteur. Après quoi, ce dernier regagne l’hôtel Ferraille où sera servi un vin d’honneur. A 13 heures 30, les lieux ont retrouvé leur physionomie habituelle.
 
En soirée est donné le concert fiévreusement préparé en l’honneur du grand compositeur. Inutile de préciser que la salle de l’hippodrome est comble. Très applaudi, Charles Gounod prend place au pupitre. Et aussitôt le public est impressionné par la vigueur avec laquelle cet homme aux cheveux blancs dirige l’orchestre : « Il a un coup de baguette étonnant, et toujours, il tient les instrumentalistes en main. Il ne dédaigne pas le modeste rôle d’accompagnateur et le remplit avec un charme et un talent admirable ». Après avoir ravi une assistance vibrante, ce concert exceptionnel prend fin vers 23 heures 30.
 
Le lendemain, invité d’honneur, notre compositeur est accueilli au banquet annuel organisé à l’hôtel Ferraille, par l’Union Artistique de Roubaix-Tourcoing. Sur un mur sont accrochés le portrait du musicien avec, de chaque côté, un drapeau tricolore. Acclamé dès son entrée, Charles Gounod prend place tandis que lui est remise la carte du menu, ornée d’un dessin où l’on reconnaît, habilement enlacés, les titres de ses œuvres les plus connues.
 
Après le « Vivat Flamand », il écouta Julien Koszul donner lecture d’une lettre envoyée par Gustave Nadaud qui regrette d’être retenu à Paris. Au dessert, le patoisant bien connu Jules Watteeuw prend la parole : « Ah ! t’cheul honneur, amis de l’Union Artistique, d’erchevoir aujourd’hui l’un des ros de l’musique… »
 
Charles Gounod prend un vif intérêt à la lecture de ces vers en patois qu « ’il a compris en partie » dit-il et félicite Jules Watteeuw, l’invitant à dire d’autres morceaux. Le Broutteux récite alors « Le Corbeau et le Renard », « Mariage » ou encore « Waterloo »…
 
Tous les Roubaisiens qui ont eu l’occasion de s’approcher de lui, ont, à coup sûr, dû éprouver une grande sympathie pour cet éminent artiste. Le mardi 3 juin, en gare de Roubaix, Charles Gounod prenait le train de 12 heures 49 à destination de Paris.
Charles Gounod (Paris, 1818 – Saint-Cloud, 1893)
Grand Prix de Rome en 1839
 
Ami de Mendelssohn, il découvre Bach, Mozart et Beethoven. Il fait des études de théologie mais s’aperçoit que la musique est sa véritable vocation. En 1859 est joué au théâtre-lyrique son « Faust », opéra d’après le drame de Goethe. Il connaît le succès avec le célèbre air de Méphisto « Le Veau d’or », l’air de Marguerite dit « Des Bijoux » – Ah ! Je ris – immortalisé à sa façon par La Castafiore de Hergé, le « Chœur des Soldats » et la musique de ballet de la « Nuit de Walpurgis ». En 1867, il publie « Roméo et Juliette », opéra d’après Shakespeare, dont les airs les plus connus sont la charmante valse de Juliette « Je veux vivre » et l’air du ténor « L’amour, l’amour ». Surtout réputé pour ses opéras, il écrivit également 13 messes, 2 requiem, 2 symphonies et de la musique de chambre.

Waldeck-Rousseau à Roubaix (mai 1898)

Au moment où il arrive à Roubaix en mai 1898, Pierre Marie Waldeck-Rousseau n’a pas encore atteint le sommet de sa carrière politique, mais il a déjà une certaine expérience de la vie politique. Né à Nantes en 1846, ce juriste et avocat d’affaires a été député de 1879 à 1889 dans les rangs des républicains opportunistes. Ministre de l’Intérieur sous Gambetta (1882) puis sous Jules Ferry (1883-1886), il a vu son nom attaché à la loi sur les syndicats professionnels (1884). Revenu pour un temps à ses activités d’avocat, il sera le défenseur de Gustave Eiffel dans le procès du scandale de Panama. Son retour en politique fait de lui le sénateur de la Loire, à partir de 1894, et il soutient le cabinet Méline, ce qui fait de lui un républicain centriste, sinon de droite. Son parcours politique jusqu’alors est représentatif de l’évolution des partis républicains face à la montée du radicalisme et du collectivisme.

C’est comme tel qu’il est invité par l’Union Sociale et Patriotique, à l’occasion d’une grande réunion républicaine à l’Hippodrome, qui doit être le point d’orgue de la campagne d’Eugène Motte.

Une foule intense se presse aux trois entrées de l’Hippodrome, et il y a tellement de monde qu’on doit refuser l’entrée à certains électeurs cependant munis de cartes d’invitation. Malgré le contrôle sérieux, parmi les 7000 participants qui ont rempli la salle, quelques perturbateurs ont pris place, qui se signaleront de temps à autre, avant d’être expulsés. On chante l’Internationale et la Marseillaise, simultanément, ce qui donne une idée de l’état d’esprit qui règne pendant cette campagne. Des ampoules d’acide sulfhydrique (boules puantes ?) sont lancées à l’intention de la table de presse, et sur la tribune, où l’une d’elles s’écrasera sur la serviette de M Waldeck-Rousseau, obligeamment apportée par son secrétaire. Une odeur nauséabonde se répand dans la salle. Les sections de l’union sociale et patriotique de Roubaix, Wattrelos, Croix et Wasquehal sont représentées et on remarque la présence du candidat tourquennois Albert Masurel.

Vers 20 h 45, Eugène Motte et Waldeck-Rousseau font leur entrée sur la scène où est dressée la tribune. L’industriel roubaisien prend la parole et doit faire face à l’obstruction systématique de perturbateurs parmi lesquels quelques uns le détrompent : « nous ne sommes pas collectivistes, nous sommes anarchistes… »

Manifestement en fin de campagne, Eugène Motte ne développe plus de programme : « je n’ai pas besoin de faire une profession de foi républicaine, vous me connaissez… », il fait appel à la tradition paternelle, mentionne la loyauté des membres de l’Union Sociale et Patriotique, affirme son respect pour les idées religieuses…

Il fait ensuite l’éloge de M Méline que soutient Waldeck-Rousseau, en se démarquant de lui sur la question du libre échange. Eugène Motte est un homme politique, mais il n’en est pas moins un grand industriel du textile. Il termine en se déclarant fidèle à la politique intérieure du cabinet Méline, du côté des anti-dreyfusards, et en réaffirmant son patriotisme.

Sa conclusion est-elle une introduction brillante à l’exposé de Waldeck-Rousseau ou résume-t-elle son propre engagement ? «  il faut à notre pays des hommes qui savent se consacrer entièrement à son service et non des sectaires qui fomentent la guerre civile et la haine ».

Le Sénateur de la Loire commence alors son discours, qui porte sur son cheval de bataille : la loi sur les syndicats professionnels. Il rappelle d’abord les oppositions à cette loi : ses premiers adversaires estimaient que le travail est une force immense tumultueuse, inhabile à se donner des lois et à les respecter, et qu’il fallait la maintenir dans une impuissance relative. La peur de la grève est citée, perçue comme l’unique but de l’association ouvrière par les tenants de cette opposition.

Une fois la loi votée, d’autres adversaires plus politiciens s’acharnèrent selon lui à dénoncer son succès, puis à privilégier les syndicats rebelles…Il vise le mouvement collectiviste et ses orateurs qu’il taxe de parasites du travail, professionnels de la déclamation révolutionnaire.

Après une longue démonstration économique sur l’intérêt des associations ouvrières, notamment dans le monde agricole, il évoque leurs activités : caisses d’assurance en cas d’accident, secours mutuels, coopératives de consommation et de production, bibliothèques, caisse de retraite, bureaux de placement, cours d’instruction professionnelle…, écorchant au passage les expériences collectivistes comme celle de la verrerie de Jean Jaurès à Albi.

Puis il attire l’attention de l’auditoire sur trois faits marquants de l’évolution du mouvement économique : tout d’abord, la nécessité de produire à bon marché a développé l’importance des entreprises et la fortune d’un seul ne suffit plus à les soutenir (paradoxal devant l’une des plus grosses fortunes de France !). Il en appelle à l’épargne individuelle. Ensuite, il mentionne l’abaissement progressif du taux d’intérêt de l’argent, pour terminer en toute logique économique, sur la puissance d’épargne du travail. En gros, il souhaite intégrer le syndicalisme à la logique capitaliste pour réaliser l’harmonie des forces sociales.

« Ce n’est pas du socialisme, c’est du progrès social »

Et de conclure en associant Eugène Motte comme champion de ce programme, dans lequel il voit le triomphe prochain de la raison, du progrès et de la liberté.

Une longue ovation suit ces derniers propos et M. Pécher, vice président de l’Union sociale et Patriotique fait approuver par acclamations l’ordre du jour qui récapitule les propos qui viennent d’être tenus et les consignes pour le vote du 8 mai prochain. Les participants entonnent la Marseillaise, il est dix heures et demie, la séance est levée.

La sortie s’effectue sans heurts, bien que quelques centaines de patriotes croisent d’autres centaines de socialistes qui avaient assisté à la réunion du Théâtre Deschamps rue Archimède, où Jules Guesde, Emile Moreau et Henri Carrette ont tour à tour pris la parole.

Soutenu théoriquement et politiquement par Waldeck-Rousseau, Eugène Motte, qui devait remporter ces élections, dut un rien frémir, quand son intervenant d’un soir devint Président du Conseil le 22 juin 1899, à la tête d’un gouvernement de défense et d’union républicaine, et que ses décisions entraînèrent rien moins que la révision du procès Dreyfus et la fin de l’agitation nationaliste. De plus, si son intention était de surveiller les congrégations et d’enlever l’enseignement aux jésuites, c’est bien Waldeck-Rousseau qui favorisera l’adoption de la loi sur les associations de 1901. Anti-waldeckiste à cette époque, Eugène Motte devra trouver d’autres soutiens pour les élections de 1902.

Philippe Waret

Charles Crupelandt, deux fois vainqueur du Paris-Roubaix

(NB : A propos de ce coureur, voir également, Gens & Pierres de Roubaix, n°20)

Charles Crupelandt naquit à Roubaix le 23 octobre 1888, fils d’Adolphe Crupelandt, tisserand de Courtrai, alors âgé de 31 ans et de prudence Vanpeybrouck. Ils demeuraient rue d’Italie.

Dès son plus jeune âge, il fit preuve de grandes qualités sportives et s’orienta vers le cyclisme où il se révéla rapidement comme un futur champion. Après avoir participé à des courses locales ou régionales, il s’inscrit pour la première fois à la grande épreuve de Paris-Roubaix en 1904 ; il terminera treizième de la course, ce qui était un succès remarquable pour ce jeune coureur âgé de moins de 18 ans. En 1910, il devait y prendre la cinquième place. Désormais, Charles Crupelandt gravira tous les échelons du succès.

Surnommé le « Taureau du Nord », il était la terreur de ses adversaires en raison de la puissance de son sprint. Il donna toute la mesure de ses capacités lors de l’arrivée sur le vélodrome de la course Paris-Roubaix en 1912, où il l’emporta de manière incontestable. Les Roubaisiens lui firent une ovation extraordinaire. Pour la première fois, un roubaisien remportait l’épreuve !

Cette victoire venait consacrer une carrière pleine de succès : au palmarès de Charles Crupelandt, il faut en effet inscrire avant ce triomphe dans Paris-Roubaix, les résultats suivants : seconde place dans Paris-Bruxelles en 1907, vainqueur de Paris-Menin en 1911 ; la même année, il termine troisième de Paris-Bruxelles et quatrième du Tour de France.

Après sa victoire en 1912 dans Paris-Roubaix, l’année 1913 sera également un grand cru. Il remporta la course Paris-Tours, termina troisième du championnat de France, troisième de Paris-Bruxelles. Il fut aussi cette année-là, troisième de Paris-Roubaix où la victoire lui échappa de justesse.

En 1914, Charles Crupelandt se révéla égal à lui-même. Il décrocha le titre de champion de France, remporta Paris-Roubaix une seconde fois et pris la troisième place de Milan-San Remo, où il rata la victoire de peu.

La guerre de 1914-1918 devait couper la carrière de notre champion roubaisien qui, cependant, fait encore preuve de grandes qualités en 1922 et 1923 où il remporta à nouveau le Championnat de France.