En 1885, quelques jeunes Roubaisiens, amateurs des sports de plein air qu’ils avaient connus au cours de leurs études en Angleterre, avaient pris l’habitude de se réunir pour jouer au « Crickett ». Ils pratiquaient cette discipline sur un vaste terrain où l’on devait construire quelques années plus tard l’Hospice Barbieux.
Parmi ces jeunes sportifs, on trouvait : Henri et Albert WAELES, Henri HAZEBROUCKQ, Maurice DUBLY, Henry LESUR et d’autres. Ils complétaient leurs parties de cricket par des concours de courses à pied disputées entre eux. Ils avaient donné à leur groupe le nom de « Batting-Club ». Cependant la durée de cette formation fut de courte durée. Elle cessa de fonctionner au bout de deux années.
Quelques années plus tard, en 1892, les mêmes jeunes gens auxquels se joignirent des amis de leur âge, tels que Léon SALEMBIEN, Louis FLORIN, Léon DUBLY, Emile et Ernest LESUR, Georges DANSETTE formèrent un nouveaux groupe sportif qu’ils appelèrent « French-Club de Roubaix-Tourcoing ». Ils jouaient au « Football-Association » et aussi le « Foot-Rugby » et organisaient des compétitions avec les « Crusaders » anglais de Croix, club présidé par Monsieur John CROTHERS, patronné par la firme Holden, important peignage de laine installé à Croix.
Les « matches » se déroulaient sur un terrain situé près de la gare de Croix-Wasquehal. Par la suite, ils opérèrent sur une prairie dépendant de la ferme Binet à proximité de la rue de Roubaix à Tourcoing.
En 1895, nos jeunes sportifs décidèrent de se donner une structure plus importante et le « French-Club » fut dissous pour être remplacé, au cours d’une réunion qui se tint le 2 avril 1895 à la Brasserie « La Terrasse », 13, rue de la Gare (actuellement avenue Jean-Baptiste Lebas) à Roubaix, par un groupe auquel ils donnèrent le nom de « Racing-Club roubaisien » sans doute influencés par la notoriété du Racing-club de France leur éminent devancier.
Parmi les fondateurs du club roubaisien, on comptait : Henri LESUR, Henry HAZEBROUCK, Ernest LESUR, Louis LAGLAIS, Valéry WAELES, Walter STURMFELS, Fernand WELCOME, Maurice DUBLY, Gaston WELCOME, Albert WAELES, Ernest WELCOME. Quelques membres de la première heure, compagnons du Batting-club s’étaient excusés mais se déclaraient disponibles pour participer aux activités.
Les dirigeants furent désignés et l’on nomma pour président Henry LESUR, pour secrétaire Valéry WAELES, pour responsable du matériel Ernest LESUR. On mit à la tête de l’organisation de l’équipe de football Albert WAELES et Maurice DUBLY fut choisi comme chef d’équipe pour la course à pied. Le « Racing-Club roubaisien » était né, son histoire allait être jalonnée de succès.
L’ambition des fondateurs était de créer un club « omnisports » et c’est ainsi que, quelques semaines seulement après cette réunion constitutive, les dirigeants décidèrent l’achat du matériel nécessaire à la pratique du lancement du poids, puis de former une section de boxe, une autre de chausson, en 1895 une équipe de lutte à la corde, en 1897, le saut à la perche puis le tennis.
Tous ces sports étant considérés avec la course à pied comme devant favoriser le développement athlétique des membres de l’équipe de football qui restait le principal atout du club. La réputation du Racing-Club grandissait rapidement.
Multipliant les compétitions, non seulement contre les « Crusaders » de Croix, devenus des amis plus que des voisins, mais aussi avec le « Football Club Brugeois », le « Sporting Club Bruxellois » et même le « Racing Club de France » rencontré d’abord le 7 février 1897 à Roubaix où il est battu par cinq buts à quatre, puis en match-retour le 28 février suivant à Paris où, à la surprise générale, Roubaix est à nouveau vainqueur par trois buts à un. Ces beaux résultats permettaient au Racing Club roubaisien de prétendre à une place dans les compétitions régionales et nationales.
Dans le même temps, le club multipliait les concours de course à pied ; ses champions y obtenaient des résultats excellents et s’y distinguaient les mêmes athlètes qui portaient ses couleurs dans les équipes de football.
Cette intense activité sportive exigeait des locaux et des terrains pour l’évolution des athlètes. Il fallait aussi un stade pour les compétitions attirant le public ; celles-ci se déroulaient généralement au Vélodrome roubaisien situé en fait sur le territoire de Croix, installation qui a vu se produire outre les cyclistes pour lesquels il avait été édifié toutes sortes d’épreuves : courses à pied souvent présentées en intermèdes lors des courses de vélo, lutte à la corde, sports athlétiques, etc. et bien entendu le football, sans oublier les célèbres courses de taureaux.
Les dirigeants feront cependant appel aussi à l’hospitalité des Wattrelosiens en particulier pour le match contre le Football Club Brugeois le 29 mars 1896 qui se déroulera sur le Champ de Course de Wattelos.
Les entraînements se faisaient au mieux des possibilités parfois même en ce qui concerne la course à pied dans les allées du Parc de Barbieux, tandis que le football utilise tantôt un terrain vague situé Croix près de l’usine Holden, ou un autre toujours à Croix, rue de la Gare, et une prairie de la propriété d’Eugène Motte, rue Verte. Par la suite, le Racing devait aménager rue de Beaumont un terrain destiné d’abord au tennis mais où on installera également des pistes pour les sports athlétiques.
Les réunions et assemblées du Comité directeur et des membres se faisaient à la brasserie « La Terrasse » citée plus haut, ceci jusqu’en 1899 date où le siège de l’association fut transféré à l’Hôtel Ferraille (devenu le Grand Hôtel, avenue J.B. Lebas). A ce moment, le club compte 110 membres actifs et environ 200 membres « protecteurs » (nous dirions aujourd’hui les « supporters »).
En 1990, le Racing Club roubaisien avait atteint une pleine maturité et s’était enrichi de sections supplémentaires : tir, water-polo, gymnastique, cross-country et une section scolaire destinée à préparer la relève. Cette année-là, il avait engagé trois équipes dans le Championnat du Nord de Football dont il devait sortir pour la première fois vainqueur durant la saison 1900/1901.
LE FOOTBALL PROFESSIONNEL A ROUBAIX DE 1932 A 1963
La création du football professionnel en France ne date que de 1932, il ne faut donc pas chercher avant cette date des traces de « pro » dans nos archives roubaisiennes. En 1932 se crée le championnat de France Professionnel où apparaît l’Excelsior Athlétic club de Roubaix, constitué en 1928 de la fusion entre le Football club de Roubaix qui jouait sur les terrains du stade Amédée Prouvost inauguré en septembre 1927 et de l’Excelsior club de Tourcoing, subventionné par les Etablissements Charles Tiberghien de Tourcoing.
L’Excelsior est donc né d’un accord entre les dirigeants de deux clubs fortement soutenus par le textile de Roubaix-Tourcoing. Son palmarès au Championnat de France est le suivant :
Saison 1932-33 6e place Division 1
Saison 1933-34 5e place Division 1
Saison 1934-35 8e place Division 1
Saison 1935-36 9e place Division 1
Saison 1936-37 8e place Division 1
Saison 1937-38 6e place Division 1
Saison 1938-39 13e place Division 1
Le Racing-Club de Roubaix, fréquemment appelé « Club Doyen » car il est le plus ancien créé à Roubaix, adhéra au professionnalisme en 1933. Son palmarès au Championnat de France est le suivant :
Saison 1933-34 6e place Division 2
Saison 1934-35 4e place Division 2
Saison 1935-36 2e place Division 2
Saison 1936-37 12e place Division 1
Saison 1937-38 8e place Division 1
Saison 1938-39 16e place Division 1
Avant de dire quelques mots du C.O.R.T. (Club Olympique de Roubaix-Tourcoing), qui devait naître en 1945 de la formation ci-dessus, il faut parler de la Coupe de France qui oppose aussi bien des clubs amateurs que des clubs professionnels et dans laquelle nos deux équipes roubaisiennes se distinguèrent à plusieurs reprises :
– le 24 avril 1932, finale entre l’A.S. Cannes et le Racing club de Roubaix qui voit la victoire du premier ;
– le 7 mai 1933, Derby roubaisien entre le Racing Club de Roubaix et l’Excelsior Athlétic Club ; victoire du second (3 à 1).
Ce dernier événement sportif eut un retentissement considérable dans la ville qui se passionna pour ses footballeurs. A leur retour de Paris, ils furent accueillis par plus de 50.000 personnes rassemblées sur la place de la gare.
Au lendemain de la guerre 1939-45, les difficultés étaient nombreuses pour les clubs roubaisiens qui après bien des hésitations signèrent un protocole d’accord entre l’Excelsior Athlétic club de Roubaix, le Racing Club de Roubaix et l’Union Sportive tourquennoise pour aboutir à la création du Club Olympique de Roubaix-Tourcoing (C.O.R.T.)
Après quelques beaux résultats : 3e place en Division 1 en saison 1945-46, 1ère place en Division 1 en saison 1946-47, il fut rétrogradé en 1955 en Division 2. En 1963, le C.O.R.T. renonça au professionnalisme.