Le gymnase

La construction de cette salle en 1876 et 1877 selon les plans de l’architecte COLIEZ fait suite à une décision du Conseil municipal désireux de doter la ville d’un gymnase, afin d’y accueillir les écoles de Roubaix. Occupée en 1906 par « La Roubaisienne » créée le 14 juillet 1875 et qui prendra en 1882 le titre de Société municipale de Gymnastique et de Tir « La Roubaisienne », elle est actuellement aménagée en salle de spectacles.

Le bâtiment témoigne de l’architecture fonctionnelle de la fin du 19e siècle avec son ossature toute en courbes et ses galeries aux décorations surprenantes comme les gueules de lion portant des haltères dans leurs crocs. 

C’est lors de ses séances des 31 mars et 7 juillet 1876, que le Conseil municipal vote la construction d’un gymnase municipal destiné aux enfants des écoles primaires, cette décision est approuvée par la préfecture du Nord le 3 août 1876.

Ce gymnase doit être édifié rue de la Promenade (rue du Général Chanzy actuelle) sur une parcelle de 34 mètres de long sur 25,6O mètres de large. Ce terrain est occupé, pour la plus grande partie par le jardin potager des Frères de la Doctrine chrétienne, le reste étant occupé par des maisons en très mauvais état qui appartiennent à la ville de Roubaix.

Le projet se divise en trois parties : le gymnase proprement dit, la maison d’habitation du professeur et la cour. Le gymnase couvre au fond de la parcelle une surface à peu près rectangulaire de 25,60 mètres de longueur sur 18,50 mètres de large. Il se compose d’une salle unique bordée sur tout le pourtour de galeries laissant au centre un espace libre. Les murs de face et les pignons sont en maçonnerie de brique avec revêtement de pierre de Soignies pour celui donnant sur la cour. La toiture est supportée par des fermes en charpente correspondant aux poteaux des longs côtés. La maison d’habitation du professeur et ses dépendances occupent sur le côté gauche, entre le gymnase et la rue un trapèze de 16,50 mètres de long sur 6,50 mètres de largeur. La cour occupe la partie restante du terrain, elle est fermée sur la rue par un mur de brique avec un soubassement en pierre de Soignies, orné de pilastres et de quelques pierres de taille blanche, au milieu de ce mur se trouve une grande porte où les élèves entrent au gymnase. Il est stipulé aussi que : « la cour de faible dimension ne doit pas servir à des exercices et ne recevra aucun appareil, toutes les leçons devant se donner dans la salle affectée à cet usage ».

L’ensemble de la dépense est estimée à 29.000 francs. L’adjudication des travaux a lieu le 24 août 1876 à 11 heures. Ce sont les sieurs Decraene et Dumortier qui sont adjudicataires des travaux. A sa séance du 17 mai 1877 et à la suite d’une requête de monsieur Braquet, professeur de gymnastique, le Conseil municipal vote un crédit supplémentaire de 2.400 francs pour l’acquisition du mobilier nécessaire à l’équipement du gymnase. La réception définitive des travaux du gymnase a lieu le 4 août 1878. Le décompte exact des travaux du gymnase s’élève à la somme de 34.193,70 francs.

Le 20 août 1884, M. Buisine, Conseiller municipal, demande qu’une partie du jardin de l’école de la rue du Moulin, qui s’étend derrière le gymnase, soit transformée en une cour pour les élèves du gymnase. Il y est question d’y effectuer des exercices de tir, deux cibles Flobert devant y être établies. Mais il faut attendre le 3 décembre 1886 pour que le Conseil municipal vote l’appropriation d’une bande de terrain de quatre mètres sur le jardin de l’école et un tir est installé au gymnase municipal. Le 19 janvier 1894, une somme de 5.000 francs est votée pour la réfection de la toiture des bas-côtés.

En février 1906, il est décidé d’effectuer des travaux afin d’isoler complètement le gymnase de l’école de la rue Chanzy et le 16 novembre de la même année, le Conseil municipal décide de louer le gymnase à la société de gymnastique « La Roubaisienne » pour une durée de quinze ans, moyennant un loyer nominal d’un franc par an. « La Roubaisienne » n’aura d’autres charges à supporter que celles résultant des réparations extérieures locatives de l’immeuble, les impôts, taxes, assurances seront payés par la ville. La maison d’habitation est attribuée à M. Piesvaux, son Chef de gymnastique.

 

SOCIETE SPORTIVE « LA ROUBAISIENNE »

En ce qui concerne « La Roubaisienne », cette société sportive a été fondée le 14 juillet 1875 sous le nom de « Société de gymnastique de Roubaix », elle ne prendra le nom de : « Société municipale de Gymnastique et de Tir La Roubaisienne » qu’en 1882.

Cette société connaît son heure de gloire au tournant du siècle : en 1900, « La Roubaisienne » remporte, outre le prix de gymnastique, le championnat de France d’athlétisme et exécute une démonstration devant le Président de la République, ce qui fait dire que « La Roubaisienne est le plus beau fleuron de l’Union des sociétés de gymnastique de France ». En 1914, le Président d’honneur de la société est  G. Wattinne et son président actif Alfred Motte.

Le but de la société est : « de propager le goût pour les exercices du corps, de développer la force, l’adresse et le courage afin de faire des hommes vigoureux, en un mot de préparer pour le pays des hommes vaillants ». Jusqu’en 1995, le gymnase de la rue Chanzy reste dévolu à « La Roubaisienne » qui y a son siège, cependant la société n’utilise plus que très rarement cette salle, ayant redéployé ses activités dans la salle des sports de la rue Watt. De ce fait, la municipalité décide d’allouer la salle à la troupe de théâtre « Théâtre en Scène », cette troupe étant à l’étroit dans les locaux de la salle Pierre de Roubaix. L’inauguration de la salle réaffectée au théâtre a lieu en novembre 1995.

Visitons maintenant cette salle. Le mur de façade sur la rue a été abattu et il nous faut traverser une petite cour goudronnée entourée d’une haie de troènes. Le mur de façade est percé de quatre portes et de sept oculi qui éclairent la galerie. A l’intérieur, la salle est rectangulaire, son plafond est constitué d’une voûte en berceau tapissée de bois. Cette voûte repose sur six fermes métalliques qui prennent naissance sur des poteaux qui ménagent cinq travées dans le sens de la longueur. Toutes ces structures métalliques sont recouvertes de bois.

Une galerie court au premier étage autour de la salle. Cette galerie était primitivement réservée aux spectateurs, des gradins y étant installés. Chaque travée est décorée d’un motif constitué d’une gueule de lion serrant entre ses mâchoires une haltère. Une balustrade de bois clôt cette galerie. Toujours au niveau de la galerie, à une extrémité, de grandes baies vitrées ménagent une salle dont les murs sont tapissés de hautes vitrines qui contenaient les très nombreux trophées de « La Roubaisienne ». La salle est éclairée par deux grands oculi percés dans les deux pignons ainsi que par trois lanterneaux au niveau du plafond.

La Direction régionale de l’Action culturelle a reconnu l’intérêt architectural de cette salle unique en son genre et l’a proposé pour une inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 7 mars 1997, cette décision a été approuvée par un arrêté préfectoral du 12 mai 1997.

La structure « Danse à Lille » s’installe au Gymnase en 2003 et devient le Centre de Développement Chorégraphique (CDC). La structure propose une saison de spectacles qui accueille chaque année une quarantaine de compagnies de danse contemporaine et deux festivals sont organisés tous les ans ainsi que des cours et des stages.

La salle a été l’objet d’une rénovation soignée de juin 2005 à septembre 2006 ce qui a permis de conserver l’esprit d’origine du bâtiment tout en l’adaptant à ses nouvelles fonctions.

Docteur Xavier Lepoutre

Vice-Président de la Société d’Émulation de Roubaix

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